Le pirate de l'air a fait croire qu'il portait une ceinture d'explosifs pour contraindre le pilote d'un Airbus A-320 reliant Alexandrie au Caire de se diriger vers Chypre, à environ 500 km des côtes égyptiennes.
Ont suivi six heures de tension sur l'aéroport de Larnaca pour les 55 passagers et les membres d'équipage, qui ont été progressivement libérés "sains et saufs".
En discutant avec le preneur d'otages, Seif al-Din Mohamed Mostafa, âgé de 58 ans, les autorités chypriotes ont rapidement réalisé qu'il ne s'agissait pas d'une affaire "terroriste" mais de "l'action individuelle d'une personne psychologiquement instable", selon un responsable gouvernemental, Alexandros Zenon.
Ses demandes n'étaient "pas assez logiques pour être prises au sérieux", a ajouté le ministre des Affaires étrangères, Ioannis Kasoulides.
Le pirate de l'air a en particulier exigé que son ex-épouse, une Chypriote avec laquelle il a eu plusieurs enfants, se rende à l'aéroport pour qu'il lui remette une lettre.
"Il y a toujours une femme" dans ce genre d'histoire, a fait remarquer, sur un ton ironique, le président chypriote Nicos Anastasiades.
- Pas d'explosifs -
Le pirate de l'air a ensuite "menacé de se faire exploser si nous ne ravitaillions pas en fuel l'avion afin de lui permettre de redécoller de Chypre pour Istanbul", a raconté M. Kasoulides.
"Lorsqu'il a réalisé qu'il n'y avait pas beaucoup de chances pour que ses demandes soient satisfaites, il a autorisé les deux passagers britanniques encore présents dans l'avion à descendre, puis il est sorti et a tenté de courir avant d'être attrapé" sur le tarmac, a-t-il ajouté.
L'une des dernières personnes à quitter l'avion, probablement un membre de l'équipage, est acrobatiquement passée par un hublot du cockpit avant de sauter au sol.
Les fouilles menées après le détournement ont montré qu'il n'y avait aucun explosif dans l'avion comme sur l'homme. "Nous avons examiné le dispositif qu'il portait: il était composé d'étuis de téléphone qui donnaient l'impression, ou voulaient donner l'impression, qu'il s'agissait d'explosifs", a précisé M. Kasoulides.
Le gouvernement égyptien a diffusé des photos montrant l'homme passant sans encombre le portique de sécurité de l'aéroport d'Alexandrie.
A bord, un passager néerlandais a témoigné "n'avoir rien vu et rien entendu" durant le détournement. "Nous n'avons pas eu d'information (...) et soudain nous avons atterri à Larnaca", a-t-il indiqué à un journaliste.
Le pirate de l'air avait été emprisonné pour différents délits, notamment de trafics de drogue, selon un responsable policier égyptien.
- Détournements moins fréquents -
Ce détournement intervient cinq mois après le crash, le 31 octobre, d'un Airbus A-321 russe dans le Sinaï égyptien après avoir décollé de la station balnéaire de Charm el-Cheikh.
L'organisation jihadiste Etat islamique avait affirmé avoir mis une bombe dans l'avion provoquant le crash qui a fait 224 morts. La sécurité des aéroports égyptiens avait alors été mise en cause.
Pour sa part, l'aéroport de Larnaca a déjà été le théâtre de détournements d'avions dans les années 1980 et 1990.
Ainsi, en 1988, un Boeing 747 de Kuwait Airways assurant la liaison Bangkok-Koweït et transportant 111 personnes, était détourné sur Machhad (Iran). Les sept pirates de l'air avaient réclamé en vain la libération de 17 extrémistes chiites pro-iraniens détenus au Koweït. L'avion s'était ensuite rendu à Larnaca où deux passagers koweïtiens avaient été tués par les pirates. Les derniers otages avaient été libérés lors d'une ultime escale à Alger.
Ces dernières années, les détournements d'avions sont devenus de plus en plus rares avec la sécurisation accrue des aéroports après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le dernier a eu lieu le 17 février 2014 lorsqu'un copilote d'Ethiopian Airlines non armé souhaitant obtenir l'asile politique en Suisse avait détourné un Boeing 767 reliant Addis Abeba à Rome avec 202 personnes à bord. Escorté par des chasseurs italiens puis français, l'avion s'était posé à Genève où l'homme avait été arrêté.
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