Le pouvoir faisait face par ailleurs mardi soir à un nouveau foyer de tension dans la capitale Islamabad, où les forces de l'ordre ont donné jusqu'à mercredi matin à quelque 2.000 islamistes, rassemblés pour réclamer l'exécution d'une chrétienne accusée de blasphème, pour se disperser.
Après l'attentat de dimanche les autorités avaient annoncé une vague d'opérations dans la ville d'origine du Premier ministre Nawaz Sharif et capitale du Pendjab, province gouvernée par son frère Shahbaz, accusé de laxisme envers les islamistes.
"Plus de 5.000 personnes ont été fouillées et interrogées, et la plupart ont été libérées, mais environ 216 ont été placées en détention le temps de recherches plus approfondies", a annoncé mardi le ministre provincial de la Justice, Rana Sanaullah.
S'exprimant devant la presse, il a ajouté que 56 opérations avaient été menées ces dernières 24 heures par la police, l'armée et les services du renseignement dans le Pendjab.
D'autres étaient en cours dans cette province, la plus peuplée du Pakistan, "contre des activistes religieux et des extrémistes", a-t-il ajouté, précisant qu'une équipe de cinq membres a été chargée de coordonner l'enquête sur l'attentat.
Mais la branche des talibans pakistanais ayant revendiqué l'attentat, le Jamaat ul-Ahrar, a raillé le Premier ministre Sharif, par un tweet affirmant que la guerre était désormais "devant chez lui".
Le bilan de l'attaque a encore grimpé, atteignant 73 morts après le décès d'un garçon de 16 ans grièvement blessé, ont indiqué des médecins.
- "Tout le monde a peur" -
Le Premier ministre Nawaz Sharif s'était engagé lundi soir, dans un discours télévisé, à venger l'attaque ayant frappé le fief électoral de son parti, le PML-N au pouvoir.
"Les terroristes ne peuvent émousser notre détermination. Notre lutte continuera jusqu'à l'élimination complète de la menace terroriste", avait déclaré M. Sharif.
Mais mardi, Ehsanullah Ehsan, porte-parle de la faction talibane du Jamaat-ul-Ahrar, a tourné en dérision les propos du Premier ministre.
"Après l'attaque de Lahore, Nawaz Sharif a ressorti les vieilles rengaines, pour se donner de fausses assurances", a-t-il écrit sur Twitter.
L'attentat du dimanche de Pâques est le plus meurtrier perpétré au Pakistan cette année, et porte un coup sérieux aux nombreuses promesses d'embellie sécuritaire des autorités.
Après l'attaque, les mesures de sécurité ont été renforcées autour des 550 églises du Pendjab, d'après le ministre Sanaullah.
Selon Kashir Nawab, un chrétien trentenaire de Youhanabad, quartier endeuillé ces dernières années par des attentats, "tout le monde a peur, et les chrétiens en particulier se sentent en insécurité".
Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population de ce pays majoritairement musulman, sont discriminés et pris pour cibles.
Un double attentat-suicide perpétré par les talibans contre des églises à Lahore avait fait 17 morts en mars 2015. Et un attentat à la sortie de la messe du dimanche avait fauché plus de 80 vies en septembre 2013 à Peshawar.
Autre source de tension, le Pakistan a déployé mardi des milliers d'hommes des forces de sécurité à Islamabad, donnant jusqu'à mercredi matin à des manifestants islamistes pour mettre fin à un sit-in entamé dimanche.
Environ 2.000 partisans de Mumtaz Qadri, un islamiste pendu le mois dernier, occupaient l'avenue menant aux principales institutions politiques pakistanaises, exigeant entre autres l'exécution d'Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème.
Mumtaz Qadri a assassiné en 2011 Salman Taseer, le gouverneur de la province du Pendjab qui plaidait pour une réforme de la loi sur le blasphème et avait pris la défense d'Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 en vertu de cette loi.
"Si les manifestants ne se dispersent pas pacifiquement cette nuit, nous les ferons partir dans la matinée", a déclaré le ministre de l'Intérieur Chaudhry Nisar Ali Khan à la presse.
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