Où?
"Rares sont les peintres à résister à ce point à la critique", dit de cet artiste consensuel Sophie Krebs, commissaire de "Albert Marquet, peintre du temps suspendu" au Musée d'Art moderne de la ville de Paris (jusqu'au 21 août). Elle relève pourtant le défi avec cette exposition présentant 140 oeuvres dont 70 peintures. Un choix sévère dans une production abondante (quelque 4.000 pièces), que Marquet a intégralement vendue, beaucoup exportée et exposée dans le monde entier.
A part
Marquet est d'autant plus difficile à situer qu'il n'a fait "aucun commentaire sur son travail, même dans sa correspondance", souligne Sophie Krebs. Taciturne, timide, il est très tôt un excellent peintre, comme en témoignent plusieurs nus en atelier ("Nu à l'étagère", 1898). C'est aussi un remarquable dessinateur, qui sait capter le mouvement avec une grande économie de moyens.
Fauve?
Marquet est souvent présenté comme un des membres du groupe des Fauves (qui utilisent la couleur comme expression d'une recherche spirituelle). Certains critiques récusent cette appartenance. Lui aussi bien qu'il exposât avec eux. Alors Fauve ou pas? "Il ne déforme pas, mais sa façon d'utiliser la couleur est très proche, avec plus de modération", analyse la commissaire de l'exposition.
Solitaire
De toute façon, Marquet n'aime pas les écoles, c'est un esprit individualiste. Il refuse les honneurs et fuit les interviews, mais peut se montrer déterminé: il refusera ainsi d'être exposé pendant l'occupation nazie et demandera à la Libération la suppression de l'Ecole des Beaux-Arts !
"La présence humaine ne lui sied pas bien", résume Sophie Krebs. D'où sans doute la quasi-absence de portraits.
Matisse
Il n'était peut-être pas Fauve, mais son meilleur ami, Henri Matisse, a été un des précurseurs du mouvement. Il l'a rencontré à l'atelier de Gustave Moreau (que fréquentait aussi Georges Rouault). Les deux hommes étaient très proches, même si Matisse lui reprochait parfois de ne pas être assez aventureux et de se tenir loin des débats esthétiques du temps.
Marquet "voulait simplement peindre", estime Sophie Krebs et s'il a quitté Paris et beaucoup voyagé, "c'est peut-être aussi qu'il ne voulait pas trop subir l'influence de son ami".
Paysages
La vraie grande passion de Marquet, c'est le paysage. Comme tout bon paysagiste à l'époque, il va d'abord en Normandie. Il signe des toiles colorées et lumineuses ("Le Bassin du Roy, Le Havre", 1906), où apparaît un vert "Marquet" présent tout au long de son oeuvre. Mais le sujet de prédilection de ce grand voyageur, c'est Paris, ses quais, ses ponts, qu'il saisit depuis le fenêtre de son atelier. Et Notre-Dame sous la neige qu'il peint à plusieurs années d'intervalle.
Voyages
Marquet a la bougeotte. Rien qu'en 1909, il visite Berlin, Dresde, Munich et Hambourg, dont le port le fascine. Il peint "Le port de Hambourg", une toile tout en gris, beige et noir, qu'achètera l'année suivante le grand collectionneur russe Serguei Chtchoukine.
A l'été 1909, il est à Naples et en Sicile. Face au Vésuve - "le Mont Fuji de Marquet" - il signe une nouvelle série, très japonisante.
Pour autant , aucune recherche du pittoresque chez lui, même lorsqu'il représente les quais d'Alger. "Il dit qu'il ne sera jamais orientaliste et on a pas vraiment l'impression d'être en Algérie", note Sophie Krebs.
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