Un vendredi, 19h et quelques minutes. Alors que le centre-ville de Caen se vide, la rue du Vaugueux se remplit. Le même mouvement s’observe chaque midi et surtout chaque soir de la semaine. Hiver comme été. Longue de 150 mètres, cette rue historique attire depuis le début des années 80 les amateurs de bonnes tables. "Aujourd’hui, les gens disent, on va dans le « Vaugueux » comme s’il s’agissait d’un quartier", commente Nathalie Cordier, co-gérante du P’tit B, une adresse réputée pour séduire les palais exigeants.
Edith Piaf y séjournait
Pourtant, le quartier du Vaugueux n’a pas toujours eu bonne réputation. Longtemps bien tenu depuis la création de ce faubourg au XIe siècle, le secteur a changé d’image après la révolution industrielle. Au milieu du XIXe siècle, les conditions d’hygiène étaient si déplorables que le Vaugueux fut l’un des secteurs de la capitale bas-normande les plus touchés par les épidémies de choléra. Quartier populaire, il comptait au début du XXe une dizaine de débits de boisson, dont celui des grands-parents d’Edith Piaf, à qui la petite-fille vint rendre plusieurs fois visite alors qu’elle était enfant. Jusqu’au début des années 80 et l’arrivée de plusieurs restaurants, le Vaugueux garda sa réputation de "coupe-gorge".
Trente ans plus tard, l’image s’est inversée. "C’est devenu l’un des secteurs les plus sûrs de Caen qui attire beaucoup de femmes, tout simplement parce qu’elle s’y sentent en sécurité”, constate Rodolphe Dupuis, responsable de l’Avenue 21. D’ailleurs, malgré la forte affluence en fin de semaine, rares sont les riverains à se plaindre du bruit. Leurs complaintes se trouvent ailleurs. "Quand on arrive dans la rue du Vaugeux, on ne peut plus apprécier l’architecture tellement les restaurants envahissent la rue avec leur terrasse", explique Josiane Toulouse, caennaise depuis 1963.
Jacky Toullier, maire-adjoint en charge du quartier, rappelle que "la municipalité et les restaurateurs ont signé une charte l’année dernière pour réduire et mieux cadrer la taille des terrasses”. “C’est notre petit Mont St-Michel", ajoute-t-il comme pour mieux rappeler le besoin d’une organisation rigoureuse de l’espace, comme c’est le cas pour la merveille du Sud Manche.
Dans tous les guides
Une chose est sûre, pléthore d’habitants et de restaurateurs s’accordent sur le fait que le quartier manque d’animation. “C’est l’un des trésors de Caen, et je n’ai pas le sentiment que la ville valorise ce quartier tant que ça”, estime Mikael Pankar, responsable de Cosy Sushi. “C’est une jolie partie de la ville qui, d’ailleurs,est indiquée dans tous les guides, mais c’est vrai qu’en plein milieu d’après-midi, il n’y a rien à y faire, rien à visiter. On ne peut même pas y manger quelque chose car tous les restaurants sont fermés”, commente Nolaig Keogh, un Irlandais de passage à Caen. Même à l’office de tourisme, les hôtesses d’accueil n’ont ni guide, ni dépliant, gratuit ou payant, présentant ce quartier façonné par l’histoire locale.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.