Le gouvernement a "accédé avec succès aux données stockées sur l'iPhone de (Syed) Farook et n'a donc plus besoin de l'assistance d'Apple", indique un document transmis à la justice lundi par les autorités américaines.
Elles y demandent l'annulation de l'injonction judiciaire du 16 février, avec laquelle elles avaient tenté d'obliger Apple à aider les enquêteurs à pirater le téléphone.
"Notre décision de mettre fin à la procédure est basée seulement sur le fait qu'avec l'assistance récente d'un tiers, nous sommes maintenant capables de débloquer cet iPhone sans compromettre les informations dans le téléphone", a commenté Eileen Decker, procureure fédérale du centre de la Californie, dans un communiqué.
L'identité de ce tiers et la méthode utilisée n'ont pas été divulguées.
Le gouvernement avait déjà ouvert la porte à une possible résolution de l'affaire en annonçant la semaine dernière être sur la piste d'une méthode proposée par des tierces parties et susceptible de débloquer l'appareil.
Des tests ont depuis permis d'assurer que le contenu du téléphone resterait intact, a indiqué un responsable du FBI, David Bowdich. "L'exploitation complète du téléphone et les mesures d'investigations qui s'ensuivent se poursuivent."
"Depuis le début, nous nous opposions aux exigences du FBI pour qu'Apple construise une porte dérobée (afin d'entrer) dans l'iPhone, parce que nous pensions que c'était une erreur et que cela créerait un dangereux précédent", a réagi Apple dans un communiqué.
Grâce à la décision prise lundi par le gouvernement "rien de ceci n'a eu lieu", a ajouté Apple, mais "cette affaire n'aurait jamais dû être ouverte".
Le groupe estime par ailleurs que cela "a soulevé des problèmes qui méritent une conversation nationale sur nos libertés civiles, sur notre sécurité collective et sur la protection de la vie privée".
- Faille de sécurité dans l'iPhone? -
Si l'annonce de lundi évite que la bataille judiciaire sur l'iPhone de San Bernardino ne s'éternise, avec des recours qui étaient susceptibles de s'étaler sur des années et de remonter jusqu'à la Cour suprême, elle ne résout pas en effet la question de l'équilibre à trouver entre sécurité publique et protection de la vie privée.
L'Electronic Frontier Foundation, une association de défense des droits des internautes, s'est ainsi félicitée lundi "que le département de la Justice batte en retraite dans sa tentative dangereuse et inconstitutionnelle de forcer Apple à pervertir la sécurité de son système d'exploitation iOS".
Elle estime toutefois que cela ne met pas fin au débat sur la nécessité de chiffrer le contenu des smartphones pour protéger leurs utilisateurs.
Par ailleurs, "cette nouvelle méthode pour accéder au téléphone soulève des questions sur l'utilisation apparente par le gouvernement de vulnérabilités en termes de sécurité dans iOS", ajoute l'EFF, qui se demande si Apple en sera bien informée afin de pouvoir réparer ces failles.
L'expert en technologies Robert Enderle doute pour sa part que les bénéfices que le contenu du téléphone est susceptible d'apporter à l'enquête compensent les dommages causés.
Il fait notamment valoir que le FBI a révélé l'existence d'un moyen jusqu'ici secret d'accéder à l'iPhone, qui pouvait potentiellement servir aux services de renseignement, et exposé les utilisateurs à "un risque plus élevé d'être piratés".
Même s'il avait souligné dans le passé que le téléphone de Syed Farook, un iPhone 5c, était beaucoup moins sécurisé que les versions plus récentes de l'appareil, Robert Enderle prévient que cela pourrait également nuire à Apple, car "les dirigeants (d'entreprises), responsables politiques, artistes et autres utilisateurs en vue de l'iPhone sont susceptibles d'envisager de passer à un autre" appareil.
Washington tentait depuis mi-février de forcer Apple à l'aider à débloquer l'iPhone de Syed Farook, auteur avec son épouse Tashfeen Malik de l'attentat de San Bernardino qui a fait 14 morts le 2 décembre 2015, avec l'espoir d'y découvrir des informations sur l'organisation de l'attentat.
Apple, qui refusait, avait reçu l'appui d'experts en sécurité, de défenseurs des droits civiques et d'autres géants du secteur technologique comme Google, Facebook ou Microsoft.
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