Le bilan de cet attentat s'est alourdi lundi pour atteindre 72 morts, dont 29 enfants et six femmes, a indiqué à l'AFP un responsable administratif de la ville, Muhammad Usman. Des centaines de personnes ont été blessées lorsque le kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs remplie de billes de métal à proximité de l'aire de jeux où se pressaient les familles.
Des familles éplorées ont passé le lundi de Pâques à enterrer leurs proches.
"J'ai essayé de faire un massage cardiaque à mon fils, et de le réanimer, mais il était parti. Il est mort juste devant moi" a raconté à l'AFP Javed Bashir, aux funérailles de son fils Mutahir.
"Mon fils, mon fils, personne ne devrait enterrer son fils", pleurait la mère d'une autre victime.
L'attaque a été revendiquée par une faction dissidente du mouvement taliban pakistanais, le Jamaat-ul-Ahrar, affirmant avoir agi "car les chrétiens sont notre cible" selon un porte-parole.
Les talibans ont par la suite mis en ligne une photo d'un homme présenté comme le kamikaze.
Cet attentat, qui porte un coup sérieux aux nombreuses promesses d'embellie sécuritaire des autorités, est le plus meurtrier cette année au Pakistan.
- Opérations militaires au Pendjab -
L'armée a annoncé une série d'"opérations" à Lahore, ville d'origine du Premier ministre Nawaz Sharif, et dans plusieurs autres localités de la province du Pendjab, fief électoral du parti au pouvoir.
Plusieurs "terroristes et intermédiaires présumés" ont été arrêtés et "une énorme cache d'armes et de munitions" découverte, a affirmé un porte-parole militaire.
Lundi soir, dans un discours télévisé, le Premier ministre Sharif a assuré que "les terroristes n'émousseront pas notre détermination" à lutter "jusqu'à l'élimination complète de la menace terroriste".
Et le pape François a demandé lundi aux autorités du Pakistan de tout faire pour assurer la sécurité de la population et en particulier celle de la minorité chrétienne.
La déflagration s'est produite dans le parc Gulshan-e-Iqbal, proche du centre de Lahore, particulièrement bondé en ce jour de printemps ensoleillé où la minorité chrétienne célébrait Pâques.
"Nous étions allés au parc pour profiter de ce jour de Pâques. Tout d'un coup, il y a eu une énorme explosion, j'ai vu une énorme boule de feu", a témoigné Arif Gill, un homme de 53 ans dont plusieurs proches ont été blessés.
La police a bouclé le site où gisaient toujours dans la matinée des lambeaux de chair sur les balançoires. Morceaux de vêtements et tourniquets tachés de sang témoignaient de l'interruption violente d'un après-midi festif.
Les attentats visant les enfants ont une résonance toute particulière au Pakistan, toujours traumatisé par l'attaque perpétrée par un commando taliban dans une école de Peshawar, qui avait fait au moins 154 morts en décembre 2014.
Une veillée d'hommage a rassemblé lundi soir une centaine de personnes, dont des religieuses, qui ont allumé des bougies et déposé des fleurs sur les lieux du drame.
La communauté chrétienne, qui représente environ 2% de la population de ce pays majoritairement musulman sunnite de 200 millions d'habitants, a été la cible de nombreuses attaques au cours des dernières années.
Un double attentat-suicide perpétré par les talibans contre des églises à Lahore avait fait 17 morts en mars 2015. Et un attentat à la sortie de la messe du dimanche avait fauché plus de 80 vies en septembre 2013 à Peshawar.
- 'Pendre Asia Bibi' -
Mais ses craintes se sont accrues depuis l'exécution il y a un mois d'un islamiste radical, Mumtaz Qadri, érigé au rang de martyr par ses partisans.
Le jour même de l'attentat de Lahore, une grande manifestation se déroulait dans la capitale Islamabad et sa ville jumelle Rawalpindi, en hommage au même Mumtaz Qadri.
Elle s'était muée lundi en un face-à-face tendu entre quelque 3.000 de ses partisans et les forces de l'ordre au coeur de la capitale.
Qadri a été pendu le 29 février pour avoir abattu en 2011 Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, à qui il reprochait sa position favorable à une révision d'une loi controversée sur le blasphème et sa défense d'Asia Bibi, une chrétienne condamnée à la peine de mort en vertu de cette loi.
Les partisans de l'islamiste réclament notamment la pendaison d'Asia Bibi et se disent déterminés à poursuivre le sit-in tant qu'ils n'auront pas été entendus.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.