"C'est l'événement qui nous a apporté les libertés dont nous jouissons aujourd'hui, c'est un moment crucial de l'histoire", estime James Connolly Heron, le petit-fils âgé de 66 ans de l'un des chefs de la rébellion, James Connolly.
Ce soulèvement, qui a pris le contrôle d'immeubles à travers Dublin et proclamé une république d'Irlande le lundi de Pâques de 1916, sera honoré par une parade longue de 4,4 km qui débutera à 10H00 GMT et traversera la capitale devant des centaines de milliers de spectateurs.
A 10H30 GMT, une cérémonie d'Etat doit avoir lieu sur le site où les 16 chefs de la rébellion ont été exécutés.
"Notre nation a fait un long chemin depuis le Dublin à feu et à sang de 1916. A bien des égards, nous pouvons voir que nous n'avons pas complètement réalisé les rêves et les idéaux pour lesquels nos ancêtres ont tant donné", a déclaré samedi soir le président Michael Higgins.
Il a appelé à ce que l'avenir "inclue l'ensemble des multiples voix qui s'expriment pour une nouvelle Irlande née de nos imaginations contemporaines".
- République 'inachevée' -
Il doit déposer une gerbe à la mi-journée, alors que les drapeaux nationaux seront abaissés, avant de marquer une minute de silence pour les centaines de personnes tuées pendant les six jours du soulèvement.
Près de 5.000 descendants des rebelles de 1916 ont été invités à la parade, qui sera retransmise sur écrans géants à travers la ville.
Le soulèvement avait débuté le 24 avril 1916 quand plus de 1.000 personnes avaient pris possession de bâtiments stratégiques du centre-ville de Dublin, comme le palais de justice ou la gare.
Au départ dépassé, Londres était parvenue à envoyer des renforts et, après avoir bombardé la ville, à pousser les rebelles à la reddition le 29 avril.
Environ 500 rebelles trouvèrent la mort, des milliers furent arrêtés et les 16 chefs de la rébellion exécutés, suscitant l'indignation et un sursaut en faveur de l'indépendance.
Moins de six ans plus tard, le Royaume-Uni acceptait la création d'une nation indépendante, mais sans la partie nord-est de l'île, la province d'Irlande du Nord, qui est demeurée depuis dans le giron britannique.
L'insurrection "a donné aux gens le courage de croire que nous pouvions atteindre une indépendance totale", explique Eamon O'Cuiv, chef adjoint du parti politique de centre droit Fianna Fail et petit-fils d'Eamon de Valera, qui prit part à la rébellion en 1916.
Sur cette île où la violence politique et religieuse est loin de n'être qu'un souvenir, ces célébrations ont fait débat, notamment sur la manière de commémorer ce soulèvement violent, certains souhaitant célébrer la seule mémoire de la rébellion.
L'Irlande est d'ailleurs en état d'alerte ce week-end, la police ayant prévenu que des extrémistes prévoyaient de marquer le centenaire avec des attaques contre des cibles policières ou militaires.
Des événements sont néanmoins prévus pour rendre hommage aussi bien aux soldats britanniques qu'aux civils et rebelles tués pendant ces six jours, le gouvernement insistant sur la nécessité d'"inclure" tout le monde.
L'Irlande marque ce centenaire avec un gouvernement intérimaire - les élections législatives du mois dernier n'ont pas permis de voir un parti être en mesure de former un nouvel exécutif. Mais plusieurs partis politiques ont annoncé qu'ils comptaient s'unir pour effectuer des changements radicaux dans le fonctionnement du Parlement.
Pour Micheal Mac Donncha, un historien républicain et conseiller du parti de gauche nationaliste Sinn Fein, la priorité est de faire perdurer une promesse faite lors de la proclamation de la république, il y a 100 ans : une république de "droits égaux et d'égalité des chances pour tous les citoyens".
"La véritable république qui était recherchée en 1916 n'a pas été atteinte, ça reste inachevé", a-t-il dit.
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