"C'est la troisième fois que je la vois! J'avais 4 ans en 1934 et j'étais aussi là en 1984", confie, "très émue", Paule, 85 ans, sur le parvis de l'édifice religieux où la "Sainte Tunique du Christ" sera exposée jusqu'au 10 avril.
Dans le ch?ur, où le vêtement marron est exposé dans un reliquaire couleur or, les croyants dont le tour est enfin venu s'agenouillent et se signent devant la "seule relique du Christ vivant", qui figure, selon l'Eglise, parmi les trois grandes reliques de la Passion, avec le Suaire d'Oviedo et le linceul de Turin.
Si l'évêque de Pontoise (Val-d'Oise), Mgr Stanislas Lalanne, n'avait pas décidé d'en avancer l'ostension, qui aurait dû avoir lieu en 2034, "je ne l'aurais pas vue. C'est une joie profonde", affirme Joëlle Grignon, 68 ans.
"Ca donne la chair de poule de voir tout ce monde, même si je suis pas pratiquante", s'exclame Liliane Flèche, 68 ans. "D'autant plus avec le contexte à Argenteuil, on est contents de voir autant de gens rassemblés en public", ajoute son mari, en allusion à l'opération antiterroriste spectaculaire qui a eu lieu la veille dans la commune.
En début d'après-midi, avant le début de l'ostension, l'évêque avait appelé à prier pour "toutes les victimes d'attentats et tous ceux qui sont blessés dans la chair", lors d'un chemin de croix sous haute sécurité qui a réuni environ 1.300 personnes à travers les rues de la ville.
Quelque 150.000 pèlerins français et étrangers, catholiques et orthodoxes, sont attendus pour cet événement qui doit mobiliser jusqu'à 400 bénévoles. De nombreux prêtres seront également présents pour confesser les fidèles pendant les 17 jours de la manifestation.
- 'Un grand événement' -
"Parmi les orthodoxes, il y a une vénération exceptionnelle de cette tunique", explique Dimitri Garmonov, 25 ans, étudiant russe à Paris. "Pour moi, cette tunique est une icône des Passions du Christ. Et la Passion, c'est la résurrection, c'est la mort qui donne la vie. C'est un grand événement que je vis aujourd'hui", confie avec émotion le jeune homme.
Il dit aussi avoir une pensée particulière pour les "chrétiens d'Orient, qui sont persécutés. Tous ces actes de terrorisme, cette absence de paix, m'affectent beaucoup. Cet événement montre que les chrétiens sont pour la paix."
Joëlle Grignon se dit, elle, "très fière de pouvoir célébrer" sa foi en public. "Dans cette société laïque, on est mal perçus en tant que chrétiens. On se défend pas beaucoup parce qu'on a eu des moments pas glorieux dans le passé. Je me sens muselée dans ma foi", dit la retraitée. "Sur moi, j'ai ma croix mais elle reste à l'intérieur", dit-elle en désignant sa chaîne sous son pull.
L'ostension ne fait que commencer mais, pour le curé de la basilique, le Père Guy-Emmanuel Cariot, c'est déjà "une belle réussite". Mais le point d'orgue de la manifestation sera pour lui la célébration d'un office dans la langue du Christ, selon le rite chaldéen.
"C'est dingue, ça fera 2.000 ans que cette tunique n'aura pas entendu parler araméen!"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.