Vers 10h30 (09h30), plus d'une centaine de policiers bloquaient les abords du siège de l'Union panafricaine pour la démocratie et le progrès social (UPADS) à Diatta, quartier de l'ouest de la capitale congolaise, selon des journalistes de l'AFP.
Des témoins ont indiqué que le déploiement des forces de l'ordre avait commencé trois heures plus tôt.
Au siège de l'UPADS, premier parti d'opposition au Parlement - où les journalistes de l'AFP n'ont vu aucun des orateurs annoncés - certains militants ont affirmé qu'il y avait eu des arrestations dans la rue aux abords du bâtiment, sans être en mesure d'en préciser le nombre.
Les journalistes de l'AFP ont vu un pick-up de policiers armés et cagoulés, emmenant deux jeunes qu'ils maintenaient allongés sur le plateau arrière. L'un des deux gémissait, l'autre était immobilisé sans dire mot.
"Nous sommes en fin de processus électoral", a déclaré à l'AFP le colonel Tchoumou, porte-parole de la police. "Depuis un certain temps, il y a un candidat qui appelle à l'insurrection armée et à la désobéissance civile", a-t-il affirmé.
Dans ces conditions, "la police est dans ses droits de prendre des mesures conservatoires", a encore dit l'officier.
Né en 1943, M. Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans au pouvoir au Congo, pays pétrolier de 4,5 millions d'habitants, a été réélu dès le premier tour avec plus de 60% des voix, selon les résultats officiels publiés jeudi.
Peu après cette annonce, le général Jean-Marie Michel Mokoko, arrivé troisième, avec près de 14% des voix, selon le décompte annoncé par les autorités, a lancé un "appel à la désobéissance civile généralisée", demandant aux Congolais de réclamer [leur] vote confisqué et volé".
- 'On veut la paix' -
A Paris, Me Norbert Tricaud, avocat du général, a déclaré qu'il s'agissait d'un appel à une "grève générale, une protestation pacifique".
Le général Mokoko est l'un des cinq candidats au scrutin du 20 mars unis par la signature d'un charte anti-Sassou ayant dénoncé dès avant la tenue du vote le caractère biaisé, selon eux, de l'élection.
Pour tenter de contrer un pouvoir qu'ils accusent de tricherie, ils avaient créé une "Commission technique électorale" (CTE) chargée de surveiller le scrutin et de compiler les résultats des bureaux de votes sur la base de leurs procès-verbaux afin de les comparer à ceux de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI).
La conférence de presse annoncée pour vendredi matin aurait pu être une occasion pour le général Mokoko et ses alliés (Guy-Brice Parfait Kolélas, Claudine Munari, André Okombi Salissa Pascal Tsaty Mabiala) d'annoncer le résultat des travaux de la CTE.
Mercredi le président de cette commission n'avait pas été capable de fournir une estimation des résultats à l'échelle nationale et, depuis le vote de dimanche, les cinq signataires de la charte anti-Sassou ne sont pas apparus en mesure d'exprimer une position commune.
Allant à l'encontre de ce que propose le général Mokoko, M. Kolélas, classé deuxième par la CNEI (avec plus de 15% des voix) a fait savoir qu'il ne voulait pas "entrer dans une épreuve de force" avec le pouvoir et qu'il comptait contester les résultats par les voies légales à sa disposition.
Dans les quartiers sud de Brazzaville, acquis à l'opposition, et qui avaient pris des airs de ville morte dans les jours ayant suivi le scrutin, de nombreuses boutiques sont restées fermées vendredi.
Autour du grand marché Total, des embouteillages témoignent d'un certain retour à la normale, mais l'affluence, si elle progresse, reste encore bien trop faible au dire de nombreux vendeurs.
"Les gens on peur", dit un photographe, "fatigué des histoires des politiciens".
Une esthéticienne déclarant avoir voté pour "le youki" (M. Kolélas) estime s'être fait "voler" son vote. Mais "on veut la paix", dit-elle espérant une déclaration publique de son champion susceptible de "rassurer" ceux qui craignent de possibles troubles.
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