Jeunes aux cheveux longs, couples d'âge mûr, familles : une foule hétéroclite affluait à la Cuidad deportiva ("Cité sportive") près du centre de la capitale cubaine, sous un soleil opportunément filtré par quelques nuages.
Malgré l'absence de campagne promotionnelle dans ce pays où la publicité est interdite, quelque 500.000 personnes devraient rapidement remplir l'enceinte, avides d'apercevoir pour la première fois le groupe britannique, qui a ajouté in extremis l'étape cubaine à sa tournée "America Latina Olé".
Beaucoup d'autres risquent d'être refoulés dans les rues alentour bien avant le début du concert, prévu vers 20H30 (00H30 GMT) et programmé trois jours après une visite historique sur l'île du président américain Barack Obama
Le record du Colombien Juanes, qui avait attiré plusieurs centaines de milliers de personnes place de la Révolution en 2009, devrait être largement battu.
"On n'a pas pu être parmi les premiers, mais d'ici on ne va rien rater", se félicitait Swnien Morera, jeune femme de 27 ans aux cheveux et ongles bleus, après s'être trouvé un espace non loin de la scène.
A l'intérieur comme à l'extérieur du périmètre de la Cuidad deportiva, un imposant dispositif de sécurité, composé d'agents en uniforme et en civil, parvenait à canaliser la foule dans une ambiance bon enfant.
La vente d?alcool était interdite dans un large rayon autour du concert, mais certains avaient manifestement prévu de quoi tenir quelques heures.
Miguel Garcia, ingénieur du son venu de Cienfuegos (centre), est arrivé parmi les premiers. Au milieu de 250 autres fans, il a passé la nuit sur le trottoir pour tenter d'être aux avant-postes dans la soirée.
"Le rock est ma vie (...) Mick Jagger est le meilleur, j'ai tous ses concerts mais les voir en vrai... Je m'attends à être ému, à pleurer", confie-t-il à l'AFP.
"Ce concert va être la clé de la porte derrière laquelle on est enfermé" en matière de musique, s'enthousiasme-t-il.
- Toilettes rudimentaires -
Une scène de 80 mètres de long et sept écrans géants ont été installés dans la Cuidad deportiva, complexe inauguré avant la révolution castriste de 1959.
Une logistique impressionnante, mais la question des toilettes semble avoir été réglée de façon plus expéditive, puisque les commodités se résumaient à quelques cabanes de métal sans fond judicieusement posées sur les bouches d'égout le long des trottoirs extérieurs.
Bien qu'il n'y a jamais eu de décret interdisant explicitement le rock, cette musique "impérialiste" a longtemps été bannie par le régime de Fidel Castro, qui préférait les tonalités caribéennes de la trova, du son et de la salsa.
Avant les années 1980, beaucoup de Cubains se rappellent qu'ils devaient écouter les Beatles ou les Rolling Stones à l'abri des murs des appartements, à partir de bandes magnétiques et de cassettes audio échangées sous le manteau.
"Le rock and roll était associé aux cheveux longs, aux drogues, à ce type de vêtements, c'était mal vu. Et c'était très lié aux +USA+, qu'importe si la musique venait d?Angleterre ou d?Australie: c?était en anglais, donc c'était mauvais", se souvient Eddie Escobar, 45 ans, fondateur du Sous-marin Jaune, un des rares bars rock de la capitale.
Au cours des 30 dernières années, ce genre musical a progressivement été toléré jusqu'à s'imposer dans les médias d'Etat. Et malgré l'embargo, quelques musiciens américains ont pu se produire sur le sol cubain.
Les Américains Billy Joel en 1979, Audioslave en 2005 et Kool and The Gang en 2009 avaient ouvert la voie. Mais la venue des Britanniques dépasse de loin tous ces précédents, par le renom du groupe et le nombre de spectateurs attendus.
"C'est une opportunité, une très bonne manière de vivre le rock à Cuba, les Rolling Stones sont l'origine du rock", se réjouit Diosmen Garcia, 27 ans, vêtu, comme beaucoup d'autres fans, d'un t-shirt de ses idoles, rapporté de l'étranger car introuvable sur l'île.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.