Après une minute de silence observée par tous les présents, en hommage aux victimes des attentats qui ont frappé Bruxelles mardi 22 mars, Hervé Morin a débuté la séance par un discours introductif. L’occasion de signifier que l’on entrait de plain-pied dans l’opérationnel après deux premières plénières, l’une d’installation, l’autre plus technique. Et l’opérationnel, c’est d’abord cette fameuse Agence de Développement pour la Normandie.
Sophie Gaugain, première vice-présidente en charge du développement économique, l’a présentée comme « le bras armé de la stratégie de développement économique de la Région. » Elle sera appuyée sur un fonds d'investissement, Normandie Participation, doté de 14 millions d’euros la première année et de 100 millions d’euros sur trois ans. Il permettra de rentrer au capital des entreprises pour les aider à se créer, se développer et/ou se transmettre. Hervé Morin en a justifié la nécessité par l’exemple. Ecoutez le :
Hervé Morin ADN
Et le président se défend de toute prudence quant aux 14 millions d’euros alloués à Normandie Participation pour la première année :
Hervé Morin ADN 2
L’opposition s’est montrée partagée quant à cette initiative annoncée par Hervé Morin depuis le début de sa campagne électorale à l’été 2015 . Si Timothée Houssin, pour le Front National, s’y dit plutôt favorable car « le développement économique doit être une priorité », appelant la Région à « augmenter nettement » les moyens alloués à ce domaine, la gauche se montre plus réservée. Céline Brulin, du Front de Gauche, annonce : « Vous proposez de sous-traiter la stratégie économique de la Région à une agence et vous en donnez les clés au patronat », faisant référence au directoire consultatif composé de chefs d’entreprises et qui sera chargé de donner son avis avant que les décisions soient prises par le Conseil d’administration de l’Agence. L’élue de gauche dénonce même dans l’Agence une « nouvelle structure du Medef ». Quant aux socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol en tête, ils craignent « un début d’usine à gaz » où la PME devrait envoyer son dossier à l’Agence avant que la Commission Permanente ne doive donner une suite définitive au dossier.
Les trains Intercités
Sur le diagnostic qui est fait des trains Intercités en Normandie, tous les groupes politiques s’accordent : manque de ponctualité, retards fréquents, confort laissant à désirer, et déficits qui se creusent, « probablement plus de 30 millions d’euros en 2015 » selon Jean-Baptiste Gastinne, vice-président en charge des transports.
Face à cette situation, la Région a choisi, et c’est la seule en France, de demander à l’Etat de reprendre la gestion de ces lignes en contrepartie du renouvellement du matériel ferroviaire sur les lignes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Rouen-Le Havre. « Nous estimons le besoin en matériel entre 40 et 50 rames », avance Jean-Baptiste Gastinne. Qui évoque la date du 31 mars comme échéance pour parvenir aux bases d’un accord avec l’Etat.
Ce transfert de compétence de l’Etat vers la Région, défendu par Hervé Morin qui a rencontré le Premier Ministre Manuel Valls et le secrétaire d’Etat aux Transports pour Alain Vidalies entre temps, laisse dubitative l’opposition. Jean-Jacques Noël, du FN, évoque un « expérience hasardeuse car elle ne repose sur aucune donnée chifféee et dangereuse car les contribuables en paieront les conséquences. » Mais c’est Sébastien Jumel, leader du Front de Gauche, qui se fait le plus dur, se faisant tour à tour vindicatif et ironique : « Il y a une faute tactique car vous abattez vos cartes. Et quand la SNCF répond si rapidement, c’est qu’il y a un loup. Et c’est une faute stratégique car en prenant les rênes des Intercités normands, vous abandonnez tout moyen de pression sur l’Etat et la SNCF. »
Et l’élu de gauche enfonce le coût : « Nous allons gagner des trains neufs roulant sur des infrastructures vieillissantes. C’est comme si vous acceptiez la promesse d’une Ferrari qui roulera sur des chemins de campagne manquant d’entretien ! »
Hervé Morin, lui, se défend de toute « naïveté », rappelant que cet accord avec l’Etat se fera « sous certaines conditions » et défendant l’action contre l’immobilisme : « Les normands sont transportés de manière digne. Je veux dégeler la situation. Face au néant, on essaye de faire quelque chose. »
Les contours de cet accord, si accord il y a, seront donc davantage précisés après le 31 mars et la rencontre entre la Région et le gouvernement.
Création d’une autorité aéroportuaire en Normandie
C’est Jean-Baptiste Gastinne, qui expose la situation, expliquant que les deux anciennes régions ont voulu faire de Deauville « la grande plateforme aéroportuaire de Normandie. Dix ans après, le bilan de la plateforme est honorable sans que Deauville ne se soit imposée comme la porte d’entrée unique en Normandie. » D’où la proposition de « réunir les aéroports normands au sein d’une plateforme aéroportuaire unique » avec pour objectifs de rendre l’offre normande plus visible, d’arriver à un consensus sur les investissements à réaliser sur les différents aéroports, et de mutualiser plusieurs services.
Ce syndicat unique ne fait pas l’unanimité, notamment chez les écologistes. Laetitia Sanchez, sa chef de file, rappelle qu’il faut « 800 000 voyageurs annuels pour rentabiliser un aéroport » alors qu’en Normandie, où « quatre aéroports sont distants de moins de 130 km », le trafic global atteint les 245 000 passagers par an. Conclusion : « Il faut moins d’aéroports, mais des aéroports mieux desservis ».
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