"La suspicion de cas d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) détecté chez une vache de 5 ans décédée prématurément dans un élevage des Ardennes a été confirmée le 23 mars par le laboratoire de référence de l'Union européenne (LRUE)", a indiqué le ministère dans un communiqué.
Selon le préfet des Ardennes, Frédéric Perissat, la bête "a été blessée dans le cadre d'une insémination et a du être euthanasiée" et conformément au protocole en matière de prévention, "lorsque l?animal passe à l?équarrissage, il subit des tests", c'est ainsi que l'ESB a été détecté.
Le dernier cas confirmé d'ESB en France, en 2011, à l'origine toujours inexpliquée, était demeuré isolé, c'est-à-dire qu'il ne s'était pas propagé à l'intérieur du troupeau.
Le ministère affirme que "la détection de ce nouveau cas n'a aucune conséquence pour le consommateur". Le mode de contamination n'est en effet sans doute pas le même que lors de l'épidémie de la fin des années 90 puisque les farines animales, alors en cause, ont été depuis interdites pour l'alimentation du bétail.
Les vaches appartenant à la "cohorte" de l'animal mort de l'ESB seront abattus d'ici 30 jours, selon le ministère. Il s'agit des bovins de cet élevage âgés de un an de plus ou de moins que la vache décédée et qui donc "risquent d'avoir été exposés à la même source alimentaire", ainsi que les veaux "nés depuis moins de deux ans" de la vache malade, qui peuvent être toujours sur l'exploitation ou avoir été vendus vivants.
Selon le préfet, cela concerne une soixantaine d'animaux sur l'exploitation et une quarantaine qui ont été exportés, "la DGAL (Direction générale de l'alimentation) va suivre le parcours de ces 40 bêtes déjà abattues ou consommées", a-t-il expliqué.
"L'impact psychologique sur l'éleveur est évidemment très fort. Nous l'accompagnons d'ores et déjà avec la profession, les vétérinaires, le GDS (groupement de défense sanitaire) (...) notamment dans ses démarches administratives. Il sera indemnisé pour les bêtes abattus", a affirmé le préfet des Ardennes.
Les mesures d'indemnisation "ne couvriront peut-être pas la totalité du préjudice, notamment le préjudice moral", a cependant souligné Philippe Clausse, directeur de la FDSEA des Ardennes, syndicat agricole majoritaire.
- "Comprendre l'origine" -
Il s'agit du "troisième cas isolé d'ESB de ce type détecté en Europe depuis 2015", selon le ministère. Les deux cas précédents se trouvaient en Irlande et en Grande-Bretagne, mais les enquêtes épidémiologiques qui ont suivi n'ont pas permis de découvrir le mode de contamination.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, va "solliciter la Commission européenne afin qu'elle saisisse l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour mieux comprendre l'origine et la cause de ces cas isolés chez des bovins jeunes", selon le ministère.
La France, requalifiée en 2015 comme pays à "risque négligeable" pour l'ESB par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), va maintenant revenir au statut de pays à "risque maîtrisé", comme la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Allemagne.
Selon le ministère, il est "probable" que les pays qui avaient rouvert depuis 2015 leurs frontières aux exportations françaises - Arabie saoudite, Canada, Singapour, Vietnam -, les ferment à nouveau. Mais ces pays ne représentent qu'un faible volume d'exportations.
Les autres pays de l'UE, destinataires principaux des ventes de viande française, ne peuvent en revanche pas fermer leurs portes au boeuf hexagonal.
La découverte de ce cas d'ESB est donc "une mauvaise nouvelle mais les conséquences économiques directes et réelles seront limitées", selon le ministère.
Apparue au Royaume-Uni dans les années 80, l'ESB s'était étendue à de nombreux pays en Europe et dans le monde à cause de l'utilisation de farines animales contaminées par les carcasses broyées. Suspectée d'être à l'origine du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'homme, elle avait suscité l'inquiétude des consommateurs et entraîné une grave crise dans la filière bovine.
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