L'annonce officielle de la victoire de M. Sassou Nguesso a été faite à la télévision nationale par le ministre de l'Intérieur, Raymond Zéphyrin Mboulou, peu après 03h30 du matin (O2h30 GMT), alors que le pays était privé de télécommunications depuis plus de quatre jours.
Selon le décompte officiel, Guy-Brice Parfait Kolélas arrive deuxième avec un peu plus de 15,05% des voix, et le général Jean-Marie Michel Mokoko troisième avec environ 13,89%.
Parlant à la presse à son siège de campagne peu après l'annonce des résultats, M. Sassou Nguesso a estimé que le peuple congolais avait "pris son destin en main" et jugé que la campagne électorale avait donné lieu à un "débat démocratique [...] très ouvert".
Mercredi, M. Kolélas et le général Mokoko avaient contesté les résultats partiels publiés la veille par la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), qui donnait M. Sassou Nguesso en tête avec 67% des voix.
"Je savais d'avance que les dés étaient pipés, mais nous avions accepté de jouer le jeu", a déclaré le général Mokoko, qui était jusqu'en février conseiller du président Sassou Nguesso pour les affaires de paix et de sécurité, déplorant que les résultats publiés par la CNEI n'aient fait qu'avérer, selon lui, ses "présuppositions".
Vivien Manangou, porte-parole de M. Kolélas, a estimé pour sa part que la réélection de M. Sassou Nguesso relevait d'une "fraude massive" et de la "magie".
- Déploiement policier -
A Brazzaville, dans les quartiers sud de la ville, acquis à l'opposition, la majeure partie des boutiques sont restées fermées toute la journée de mercredi après un déploiement massif de soldats et policiers lourdement armés dans la nuit de mardi à mercredi.
Selon M. Manangou, les forces de l'ordre ont pénétré au siège de campagne de M. Kolélas mardi vers midi, tirant des grenades lacrymogènes et provoquant une bousculade qui aurait fait un mort.
Un journaliste français a indiqué avoir assisté à la scène. La mort d'un militant de M. Kolélas n'a pu être confirmée.
La candidature de M. Sassou Nguesso, né en 1943, a été rendue possible après un récent changement de constitution qualifié de "coup d?État constitutionnel" par les détracteurs du chef de l?État.
En l'absence de télécommunications, M. Kolélas et le général Mokoko n'ont pu être joints pour réagir à l'annonce de la victoire de M. Sassou Nguesso.
Les autorités avaient décidé de couper toutes télécommunications (SMS, internet et téléphone) la veille du scrutin pour des raisons de "sûreté nationale" afin d'empêcher l'opposition de commettre une "illégalité" en publiant elle-même les résultats de l'élection.
"Les communications vont être ouvertes tout à l'heure, là", a déclaré M. Sassou. A 06h00 (05h00 GMT), elles n'avaient cependant pas été rétablies.
- Coup d?État électoral -
Unis par un pacte anti-Sassou, cinq candidats, dont M. Kolélas et le général Mokoko, ont créé une "Commission technique électorale" (CTE) chargée de surveiller le scrutin et de compiler les résultats des bureaux de votes sur la base de leurs procès-verbaux.
Sur la base de ces données, l'opposition dit avoir la "certitude" de l'élimination de M. Sassou Nguesso et qu'un deuxième tour devrait avoir lieu.
La CTE a donné lecture à la presse mercredi de ce qu'elle estime être les résultats réels dans un grand nombre de circonscriptions mais n'a pas été en mesure de fournir une estimation de résultats partiels à l'échelle nationale.
M. Manangou a mis "au défi" la CNEI de "démontrer juridiquement et scientifiquement" ses résultats.
Dans un communiqué, auquel le général Mokoko a indiqué avoir donné son assentiment, Charles Zacharie Bowao, coordonnateur de la plate-forme électorale soutenant les cinq candidats du pacte anti-Sassou, a qualifié le scrutin de dimanche de "coup d?État électoral" et affirmé que "les candidats signataires" de l'alliance étaient déterminés à "faire respecter le résultat des urnes".
On ne savait pas jeudi matin si M. Kolélas approuvait cette position.
"Ne comptez pas sur [M. Kolélas] pour entrer dans une épreuve de force, de violence", a néanmoins déclaré M. Manangou, répétant que son candidat était déterminé à contester les résultats officiels par les voies légales.
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