Alors que la vie reprenait progressivement mercredi dans la capitale belge, frappée la veille par des attentats qui ont fait une trentaine de morts et plus de 250 blessés, plusieurs experts s'accordaient à dire que la situation ne risquait pas de s'arranger dans un proche avenir.
"Nous sommes confrontés à une menace sérieuse et à long terme et ce ne sera sûrement pas la dernière attaque, loin de là", souligne Simon Palombi, spécialiste des questions de sécurité à Chatham House, à Londres.
Il estime que les jihadistes ont trouvé "des faiblesses" dans les systèmes européens de renseignements "qui ne pourront pas être corrigées rapidement, ce qui leur permettra de frapper à nouveau. Les gens doivent se préparer à cela", ajoute-t-il.
Mais pour John Brewer, spécialiste des conflits à la Queen's University de Belfast, "en Irlande du Nord, au Sri Lanka, au Pays Basque espagnol et ailleurs des populations ont su faire face et continuer à vivre normalement".
"Les explosions régulières n'empêchaient pas les gens, en Irlande du Nord, d'aller travailler, de tomber amoureux ou de se marier", dit-il à l'AFP. "Ce sont ces gestes de la vie quotidienne qui leur ont permis de tenir".
En réalité, "la population n'a pas le choix, elle doit intégrer la menace", estime de son côté Carole Damiani, psychologue et directrice de l'association Paris Aide aux victimes.
"Mais, ajoute-t-elle, elle doit trouver le juste milieu en évitant deux écueils, l'hyper-vigilance et faire comme si de rien n'était".
- 'Changer de comportement' -
Dans cet exercice, les réseaux sociaux ont un double rôle, fait valoir John Brewer.
"D'un côté, ils ont abattu la barrière qui nous permettait de nous tenir à l'écart de l'extrême violence", dit-il. "Face aux attentats, nous sommes donc bien plus exposés au traumatisme", dit-il. "Mais, en même temps, les réseaux sociaux nous permettent de partager immédiatement notre angoisse et cela nous aide aussi à faire face".
Pour le psychiatre spécialiste du stress à l'hôpital Sainte-Anne (Paris), Patrick Légeron, les attentats créent en effet "un sentiment de très forte insécurité, de danger invisible et non contrôlable".
"Beaucoup de gens ont compris que le problème est massif et récurrent", note pour sa part Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue français. Mais dans le même temps, ajoute-t-il, "on ne peut pas vivre avec une anxiété permanente".
Les Européens vont du coup, devoir s'adapter en changeant certains de leurs comportements, un phénomène qui risque de prendre un peu de temps, selon les experts.
"Certains vont peu à peu changer leur comportement, d'autres vont essayer d'éviter les zones à risques", selon M. Bouchard qui relève qu'il n'existe pas de "réaction uniforme".
La réaction dépend du "degré de vulnérabilité" de chaque personne mais également de la distance qui la sépare du lieu des attentats, les habitants des grandes villes se sentant globalement plus vulnérables que ceux vivant dans les campagnes.
Sans compter qu'avec le temps le "degré de vigilance" a tendance à s'émousser.
Pour Michel Olivier, un ex-officier des forces spéciales françaises qui doit publier à la fin du mois un livre intitulé "Ne pas subir" (Fayard), "on ne vit pas comme avant dans un pays en guerre".
Les réactions doivent, selon lui, être à la fois collectives et individuelles.
Aux gens qui doivent impérativement prendre le métro pour se rendre à leur travail, il conseille de "ne pas se laisser transporter passivement": il faut s'installer en tête ou en queue des rames de métro pour pouvoir évacuer plus facilement, éviter d'avoir un écouteur sur les oreilles et surveiller son environnement.
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