La cour d'assises du Bas-Rhin a assorti cette peine d'une période de sûreté de 15 ans. L'homme âgé de 53 ans, qui avait échappé à la justice pendant 27 ans avant d'être rattrapé en 2013 par une empreinte de sa main laissée sur le lieu d'un de ses crimes, "s'attendait à une peine de cette nature, exemplaire", a commenté l'un de ses avocats, Me Éric Braun.
"Je ne suis pas sûr qu'il fera appel, car il était sincère quand il disait qu'il voulait payer" pour ses actes, a ajouté le défenseur.
Les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général Laurent Guy, qui avait fustigé des "crimes pervers" mus par une "pulsion abjecte" et un "égoïsme sans borne".
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, après cinq jours d'audience, Nicolas Charbonnier avait demandé "sincèrement pardon" à ses victimes et à leurs familles, tout en reconnaissant que ce pardon était "bien sûr impossible".
- "Tourner la page" -
"Je hais le jeune homme que j'ai été il y a 30 ans, c'est vraiment un énorme gâchis", avait-il dit.
L'une des victimes, Marion V., étranglée et violée à l'âge de 10 ans, puis laissée pour morte par son agresseur, a survécu, "mais à quel prix !", s'était exclamé l'avocat général, en évoquant les cauchemars quotidiens que la victime, aujourd'hui quadragénaire, était venue vendredi raconter à la barre.
Pour Marion, pour sa soeur et sa mère, "c'est un soulagement de se dire qu'avec ce verdict on est arrivé au bout d'un très long parcours, peut-être que maintenant elles peuvent commencer à tourner la page", a dit leur avocat, Me Yannick Pheulpin.
Quant à l'autre victime, Martine R., tuée à 17 ans, tout près de sa soeur Patricia qui dormait dans la chambre adjacente, la cour a considéré que le fait que l'agresseur l'ait dénudée et qu'il lui ait coupé des poils pubiens constituait bien des "actes de barbarie".
Dans le cas contraire, le crime aurait été prescrit. "C'est un grand soulagement, car Martine est restituée dans son statut de victime. La famille était bouleversée à l'idée qu'il n'y ait pas de suite", a commenté son avocate, Me Fabienne Herdly-Klopfenstein.
- "Il a repris son âme au diable" -
Dès le début du procès, l'accusé avait reconnu avoir commis "l'horreur" : il a affirmé s'être introduit chez ses victimes dans le but de les cambrioler, mais sans pouvoir expliquer pourquoi il avait ensuite cédé à des pulsions sexuelles et meurtrières.
Il a aussi jugé "ignobles" et "intolérables" les appels téléphoniques anonymes dans lesquels, se faisant passer pour "Zorro", il avait nargué les parents de la petite Marion peu après les faits.
"Le Charbonnier d'hier n'est pas le Charbonnier d'aujourd'hui", avait plaidé son autre avocate, Me Caroline Bolla, en estimant que son client ne méritait pas la perpétuité car "il n'est plus dangereux pour la société".
C'est dans la région bordelaise que l'ancien militaire avait refait sa vie, devenant tour à tour déménageur, employé de banque ou vendeur en intérim. Il avait vécu 17 ans avec une femme dont il a eu une fille, aujourd'hui âgée de dix ans.
"Si Nicolas Charbonnier a vendu son âme au diable pendant une période de sa vie, il l'a reprise ensuite, et depuis longtemps", avait dit Me Bolla, rappelant qu'il avait eu "une vie totalement normale après la commission des faits".
Au bout du compte, a commenté Me Braun, "la cour d'assises a prononcé la peine la plus exemplaire, car manifestement les 30 ans de son existence normale n'ont pas effacé l'horreur des actes qu'il a commis".
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