La rencontre était inédite. Jeudi 17 mars, au sein de la caserne Le Flem à Caen, la gendarmerie menait pour la première fois une réunion de travail sur la cybersécurité. "Internet est peuplé de dangers" et "donne aux malfaiteurs un nouveau terrain de jeu", rappelait Caroline Étienne, procureur de la république Caen. La menace revêt en effet de multiples aspects et touche en premier lieu les entreprises, victimes d'attaques "de mieux en mieux ficelées", souligne le colonel Nicolas Duvinage, commandant du Centre de lutte contre les criminalités numériques de Pontoise (Île-de-France).
Cinq cyber enquêteurs
"Nous avons des signalements toutes les semaines, sur des faux ordres de virement ou d'escroqueries", explique le colonel Renald Boismoreau, commandant de la section de recherche de Caen. Un constat qui a obligé les forces de l'ordre, en particulier la gendarmerie, à repenser ses moyens d'action pour mieux déceler l'adversaire. Depuis 2014, cinq cyber enquêteurs composent la plateforme de lutte contre la cybercriminalité, épaulés par un réseau d'une centaine de correspondants N-Tech (NDLR : nouvelles technologies). Des start-up voient aussi le jour, pour soutenir la riposte. En Normandie, c'est le cas de Synhack, portée par Yoann Ono Dit Biot, consultant en sécurité informatique.
"Chaque collaborateur d'une entreprise à un rôle à jouer dans la protection du système.", rappelle le jeune homme. "De la prévention, continuons à faire de la prévention", soutient pour sa part Sylvie Petit-Leclerc, procureur général.
Preuves numériques
Arnaque en ligne, appel à la haine, apologie du terrorisme… L'objectif est inlassablement le même : identifier les cyberdélinquants, cachés derrière leurs adresses IP, mais aussi recueillir des preuves numériques. "Notre travail, c'est de matérialiser les faits", explique sur place l'un de ses experts. Notamment dans la lutte contre la pédopornographie, qui constitue "80 à 90 % des affaires". En la matière, les cyber enquêteurs ont un protocole strict à respecter. Ils endossent des rôles sur des forums, à la recherche de comportements déviants. "Mais nous devons nous laisser approcher." Grâce à leur travail, le procès d'un homme de 38 ans s'est tenu devant le tribunal correctionnel de Lisieux mardi 22 mars. En se faisant passer pour une jeune fille, cet entraîneur de basket nouait des relations amicales avec des adolescents sur les réseaux sociaux avant de les inciter à se masturber devant leur webcam. Puis de les contraindre à recommencer. Pour ces faits de corruption de mineurs et tentatives de corruption de mineurs, le prévenu encourt sept ans de prison et jusqu'à 100 000 € d'amende. Il sera fixé sur son cas le 26 avril. Au début du mois de mars, la cellule cyber de Caen avait aussi pu appréhender un étudiant de 21 ans, détenteur de plus de 1 500 fichiers pédopornographiques. Il a écopé d'un an d'emprisonnement avec sursis et de trois ans de mise à l'épreuve.
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