Invité à réagir au drame sur LCI, le ministre a estimé mardi soir que certains responsables politiques belges avaient "peut-être" pêché par "naïveté" face à la radicalisation islamiste, en laissant prospérer une forme de communautarisme dans certains quartiers.
"Je ne sais pas s'il faut dire la Belgique en tant que telle mais je pense qu'il y a eu une volonté ou une absence de volonté de la part de certains responsables politiques, peut-être par envie de bien faire, peut-être par sentiment que pour permettre une bonne intégration, il faut laisser les communautés se développer, peut-être aussi une forme de naïveté", a déclaré le ministre des Finances.
"Mais nous savons, et la France le sait peut-être plus encore que d'autres, que ça n'est pas la bonne solution (...) Lorsqu'un quartier est en danger de se communautariser, on doit agir, on doit agir par une politique de la ville, par une politique d'intégration, par l'école, par la langue", a-t-il ajouté.
Ces propos ont suscité de vives réactions, en France comme en Belgique. "C'est indécent par rapport à un peuple qui souffre, qui est sous le choc, on a besoin de solidarité, pas de donneurs de leçons", a répliqué sur France Info la vice-présidente du parti socialiste belge, Laurette Onkelinx.
"Ces propos sont juste honteux... Quand on connaît la faiblesse des moyens de la politique de la Ville en France", a réagi de son côté l'ex-ministre de la Ville François Lamy, proche de Martine Aubry, la député PS Chantal Guittet jugeant sur twitter "facile de parler d'irresponsabilité, de naïveté, à tout bout de champ".
"Il n'y a pas que les Belges qui ont péché par naïveté, il y a aussi la France", a estimé pour sa part sur Sud Radio le député LR Eric Ciotti, mettant en cause "les comportements d'un certain nombre de municipalités socialistes en France".
Interrogé sur Europe 1, le Premier ministre Manuel Valls a pris ses distances avec les propos de son ministre, disant ne pas vouloir "donner des leçons à nos amis belges", la France ayant aussi "des quartiers sous l'emprise des trafics de drogue et de salafistes.
"On a fermé les yeux, mais partout en Europe et aussi en France, sur la progression des idées extrémistes du salafisme dans des quartiers qui à travers ce mélange de trafics de drogues et d'islamisme radical ont perverti (...) une partie de la jeunesse", a dit le chef du gouvernement.
En déplacement à Bruxelles, le Premier ministre a ajouté, lors d'une conférence de presse avec son homologue belge Charles Michel, n'avoir "jamais ressenti la moindre naïveté et le moindre angélisme de nos amis belges". "Nous sommes frères, cousins, nous aimons nous titiller, mais nous sommes unis face à l'épreuve", a-t-il conclu.
Contacté par l'AFP, l'entourage de Michel Sapin a précisé que le ministre n'avait pas eu la volonté d'épingler la Belgique, écartant tout "malentendu" sur ce sujet. "Son propos était plus général sur le terrorisme", a-t-on assuré.
Le ministre a envoyé mardi soir un message à son homologue belge Johan Van Overtveldt pour "s'excuser de la polémique" et "lui redire toute sa sympathie". Un message auquel le ministre belge a répondu en disant avoir "toute confiance", a-t-on ajouté.
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