La frappe a visé mardi un camp d'entraînement du groupe jihadiste à Hajr, à l'ouest de Moukalla, une ville portuaire du sud-est que contrôle Al-Qaïda depuis près d'un an.
"Au moins 40 combattants d'Al-Qaïda ont été tués et 25 autres blessés", a indiqué mercredi à l'AFP une source gouvernementale locale, qui a requis l'anonymat.
Les victimes étaient surtout "de nouvelles recrues" d'Aqpa qui s'entraînaient dans cette région montagneuse, selon une source tribale.
"Il s'agit de la première frappe aérienne d'envergure de l'armée américaine contre une position fixe d'Al-Qaïda au Hadramout depuis avril dernier", souligne à l'AFP Mustafa Al-Ani, expert au Gulf Research Centre. Elle a été menée par des avions de combat américains partis de leurs bases "en mer ou à Djibouti", selon lui.
Jusqu'ici, des drones américains avaient visé des cibles mobiles au Hadramout, généralement des membres d'Al-Qaïda circulant en voiture, rappelle l'expert.
La ville portuaire de Moukalla est contrôlée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), qui l'avait prise en avril 2015 dans la foulée de la guerre entre les forces progouvernementales et les rebelles chiites Houthis pro-iraniens.
Le bombardement a été annoncée dans la nuit par le Pentagone, qui a précisé qu'il avait fait "des dizaines" de morts sur le site, où étaient déployés plus de 70 combattants.
"Cette frappe porte un coup à la capacité d'Aqpa d'utiliser le Yémen comme base pour des attaques contre des Américains et illustre notre engagement à vaincre Al-Qaïda et à le priver d'un havre sûr", a justifié le porte-parole du Pentagone, Peter Cook.
- Risque de nouvelles frappes -
Des sources tribales et gouvernementales avaient, dans un premier temps, attribué l'attaque aérienne à la coalition militaire arabe qui opère sous commandement saoudien depuis un an au Yémen.
Cette coalition intervient depuis le 26 mars 2015 contre les rebelles Houthis qui, dans leur progression dans le sud, ont pris le contrôle de la principale base aérienne du Yémen, celle d'Al-Anad, d'où les Etats-Unis avaient dû alors évacuer leurs militaires qui y étaient stationnés dans le cadre de la lutte antiterroriste.
La guerre contre les Houthis a permis aux forces progouvernementales de reprendre cinq provinces du Sud. Mais elle a parallèlement favorisé l'expansion d'Aqpa ainsi que l'implantation du groupe Etat islamique (EI), actif en Syrie et en Irak.
Consciente de l'essor de ces groupes jihadistes, la coalition arabe a lancé la semaine dernière ses premiers raids aériens contre des sanctuaires d'Al-Qaïda à Aden (sud), la capitale "provisoire" du pays.
Pour leur part, "les Américains réalisent qu'Al-Qaïda commence à élargir son influence d'une manière inacceptable après s'être doté de camps fixes pour l'entraînement de ses partisans", indique M. Ani.
Selon cet expert spécialisé dans les affaires de sécurité, "Al-Qaïda risque de sortir de sa réserve pour répliquer à la frappe américaine de mardi surtout si le réseau a subi de lourdes pertes humaines comme l'affirme le Pentagone".
Il rappelle qu'Al-Qaïda, bien implanté depuis de longues années dans le sud du Yémen où il avait pendant un an contrôlé la province d'Abyane avant d'en être chassé en juin 2012, "a donné la priorité dans ses opérations à la lutte contre les Houthis, tout en consolidant ses relations avec les tribus", très influentes dans ce pays où la population est fortement armée.
Redoutant cependant de nouvelles frappes, les partisans d'Al-Qaïda ont évacué mercredi des bâtiments publics, qu'ils occupaient à Moukalla, selon des habitants.
Par ailleurs, un commandant du réseau, Helmi al-Zengui, a été capturé mardi soir à Abyane, alors qu'il faisait route d'Aden pour Moukalla, par des hommes de tribu qui l'ont remis aux autorités locales, selon des sources de sécurité.
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