Invité par la Chambre des Communes à s'exprimer sur l'accord signé entre l'UE et la Turquie sur les migrants, le Premier ministre en a profité pour essayer de juguler ce que le quotidien Daily Telegraph, proche du pouvoir, a qualifié de "pire crise pour le parti conservateur depuis des décennies".
Il a annoncé renoncer aux coupes budgétaires controversées à l'origine de la crise gouvernementale. "Concernant (les prestations) d'invalidité, je dirai ceci, nous n'allons pas continuer avec les changements qui ont été annoncés", a-t-il dit devant les députés.
Son nouveau ministre du Travail et des Retraites, Stephen Crabb, a renchéri en affirmant que ce retrait ne signifiait pas d'autres coupes ailleurs. "Nous n'avons pas d'autres projets de faire des économies sur les prestations sociales", a-t-il dit.
Bien qu'abandonnées, ces mesures d'économie annoncées mercredi dans le cadre du budget 2016/2017 du gouvernement ont fait éclater au grand jour de profondes divergences au sein des conservateurs sur la politique d'austérité menée depuis six ans par David Cameron et son plus proche allié, le ministre des Finances George Osborne.
Considéré comme favori à la succession de David Cameron avec l'eurosceptique maire de Londres Boris Johnson, le Chancelier de l?Échiquier est au c?ur de la tourmente.
Il ne s'est d'ailleurs pas déplacé lundi devant les députés, suscitant la colère de l'opposition travailliste qui l'a traité de "lâche" et appelant au retrait pur et simple de l'ensemble du budget.
Devant les députés, David Cameron a quant à lui défendu son ministre, son "ami" et le bilan économique de son gouvernement.
Selon le Times, le Premier ministre aurait toutefois reproché à George Osborne d'avoir "mis le bazar" après pourtant lui avoir demandé d'éviter toute controverse en amont du référendum sur l'UE.
David Cameron a également tenté d'enterrer la hache de guerre avec Iain Duncan Smith en saluant "l'apport énorme" du ministre. Il "peut être fier de ce qu'il a accompli", a-t-il ajouté.
- Rétro-pédalage -
Au-delà de ce rétro-pédalage embarrassant pour George Osborne, l'épisode pourrait avoir des conséquences à moyen et long terme, sur l'avenir du parti, celui de David Cameron et sur les chances de George Osborne de lui succéder un jour.
"Cette fois c'est sérieux pour le Chancelier", qui "laisse des plumes", souligne Larry Elliott, éditorialiste au Guardian.
Et cela pourrait peser dans le débat sur le référendum du 23 juin sur l'UE puisque George Osborne est, aux côtés du Premier ministre, le principal avocat d'un maintien dans l'UE.
"Il est important pour Cameron qu'Osborne soit perçu comme quelqu'un de crédible sur le plan économique. Sinon il risque de ne pas être pris au sérieux quand il s'agit de mettre en avant les dangers d'un Brexit", ajoute ainsi Larry Elliott.
En quittant le gouvernement, Iain Duncan Smith retrouve aussi une plus grande liberté de parole pour défendre une sortie de l'UE, ce qui pourrait aussi nuire à David Cameron.
Il semblerait qu'Iain Duncan Smith ait voulu "nuire un maximum" à la direction du parti afin d'aider la campagne pour le Brexit, a commenté Ros Altmann, secrétaire d'Etat aux Pensions dans l'équipe... de Iain Duncan Smith.
L'ancien leader conservateur Michael Howard a, lui, appelé lundi ses collègues au "calme". "J'aimerais qu'ils n'oublient pas qu'il y a moins d'un an le parti conservateur a gagné les législatives sous la direction de David Cameron", a-t-il dit à la BBC.
Mais l'unité affichée alors n'est plus qu'un lointain souvenir.
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