"Le 19 mars 1962, ce n?était pas encore la paix, c?était le début de la sortie de la guerre, dont l?histoire nous apprend qu?elle est bien souvent la source de violence, ce qui fut tragiquement le cas en Algérie avec des représailles, des vengeances, des attentats, des massacres", a déclaré le président de la République devant le monument du quai Branly à Paris en mémoire aux victimes de la guerre d?Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
Mais aujourd'hui, il s'agit de "convoquer l'histoire, non pas pour nous diviser mais pour nous réunir", a plaidé M. Hollande, premier président de la Ve République à commémorer ce cessez-le-feu décrété au lendemain des accords d'Evian.
"Alimenter la guerre des mémoires, c'est rester prisonnier du passé, faire la paix des mémoires c'est regarder vers l'avenir. C'est ce message d'unité et de paix, de rassemblement aussi que j'entendais aujourd'hui, en ce 19 mars, délivrer devant vous", a-t-il également expliqué devant le monument érigé au pied de la Tour Eiffel.
La décision présidentielle a toutefois été vivement contestée par de nombreuses associations d'anciens combattants et de pieds-noirs, pour qui le 19 mars marque non pas la fin du conflit algérien, mais le début de l'exil et du massacre de civils et des harkis, algériens anciens supplétifs de l'armée française.
Samedi, entre 150 et 200 harkis se sont réunis devant le mémorial du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), pour dénoncer leur "abandon" par la France et "l'insulte" de François Hollande en ce 19 mars. Plus de 20.000 harkis avaient été enfermés dans ce camp dans des conditions insalubres, au sortir de la guerre d'Algérie.
- Critiques à droite et au FN -
Une centaine d'anciens combattants et rapatriés ont également manifesté à Montpellier, et à peu près le même nombre à Sète (Hérault) et Toulouse, a constaté l'AFP.
Dénonçant "une provocation", le maire Les Républicains de Nice Christian Estrosi, également président de la région Paca, a lui décidé de n'organiser aucune cérémonie dans sa ville.
M. Hollande s'est également attiré les foudres de la droite et du Front national.
Choisir le 19 mars, "c'est en quelque sorte, adopter le point de vue des uns contre les autres (...) C'est considérer qu'il y a désormais un bon et un mauvais côté de l'Histoire et que la France était du mauvais côté", a ainsi dénoncé vendredi l'ex-président Nicolas Sarkozy, patron du parti Les Républicains.
La présidente du FN Marine Le Pen a accusé le chef de l'Etat de "violer la mémoire" des anciens combattants et harkis.
Le débat autour du 19 mars ne date pas d'aujourd'hui. Car si cette date a des détracteurs, elle est plébiscitée par d'anciens combattants, notamment des appelés du contingent, et par les immigrés algériens et leurs descendants (environ 1,5 million de personnes).
L'ex-président socialiste François Mitterrand, ministre de la justice pendant le conflit, a toujours refusé de commémorer cette date.
En 2002, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin avait proposé une loi pour en faire une "journée nationale du souvenir". Le texte avait été enterré en raison de l'opposition du Sénat.
Afin de calmer les passions, l'ancien président Jacques Chirac avait alors sorti de son chapeau une date neutre, le 5 décembre 2002 (qui n'évoque aucun fait marquant en Algérie) pour inaugurer le monument célébrant la mémoire des victimes de la guerre d'Algérie, mais aussi celles des combats en Tunisie et au Maroc.
Peu après l'arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012, la loi de 2002 est revenue au parlement et a été adoptée, non sans polémique.
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