Selon les rares éléments ayant filtré, la perquisition qui a dégénéré en fusillade mardi visait à vérifier si deux frères liés au grand banditisme, dont le nom est apparu dans l'enquête sur les caches ayant servi aux auteurs des attaques du 13 novembre à Paris, avaient séjourné dans un appartement de Forest, commune située dans le sud-ouest de Bruxelles.
Six policiers français et belges, qui pensaient mener une perquisition de routine, se sont retrouvés sous un tir nourri d'armes automatiques. L'un des trois hommes présents dans l'appartement a été tué par un tireur d'élite de la police, mais deux autres ont pris la fuite et sont toujours "activement recherchés".
Les enquêteurs avaient établi un possible lien entre l'appartement de Forest et une cache à Charleroi (sud) occupée par l'un des commandos de Paris juste avant leur départ pour la France, ont indiqué jeudi à l'AFP des sources proches de l'enquête.
A Charleroi, la police avait relevé des traces ADN de Chakib Akrouh, qui s'est fait exploser à St-Denis (nord de Paris) cinq jours après les attentats, les empreintes digitales d'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l'un des principaux organisateurs des attaques ayant fait 130 morts, et de Salah Abdeslam, suspect clé toujours en fuite.
Forest Selon le quotidien De Standaard, la planque de Charleroi, tout comme l'appartement de Forest, ont été loués sous un faux nom par un certain Khalid El Bakraoui, un Bruxellois de 27 ans condamné à cinq ans de prison en 2011 pour des vols de voitures avec violence.
Son frère, Ibrahim El Bakraoui, a été condamné à Bruxelles pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov après un braquage en 2010, selon le journal La Dernière Heure.
Mardi, les policiers n'escomptaient pas trouver les deux frères dans l'appartement de Forest, le raccordement à l'eau courante et à l'électricité ayant été coupé depuis plusieurs semaines, a précisé à l'AFP une source proche de l'enquête.
Toutefois, selon le Standaard, les deux fugitifs "ne seraient pas les frères El Bakraoui". Sollicité jeudi par l'AFP, le parquet fédéral belge s'est refusé à tout commentaire.
- Un kamikaze inhumé -
Quatre policiers ont été légèrement blessés dans la fusillade, dont une Française. Le suspect abattu a été identifié comme Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans en séjour illégal en Belgique, inconnu de l'antiterrorisme belge.
A côté de son cadavre ont été découverts "une kalachnikov, ainsi qu'un livre sur le salafisme". Dans l'appartement, la police a également trouvé un drapeau de l'organisation Etat islamique, "11 chargeurs de kalachnikov et de très nombreuses munitions", selon le parquet.
Une quantité importante de "matériel informatique crypté et une série de documents d'identité, dont certains falsifiés", ont été saisis, affirme le Standaard.
Il s'agissait "manifestement d'une cellule terroriste ou d'un embryon de cellule en train de préparer quelque chose", a affirmé à l'AFP l'expert en contre-terrorisme Claude Moniquet.
La police belge a rapidement diffusé en interne le portrait-robot d'un suspect, selon plusieurs médias belges. "De type nord-africain, âgé d'entre 25 et 28 ans, il mesure 1m85 (...), a le teint mat et portait une casquette blanche", d'après La Dernière Heure. Mais le parquet fédéral refuse de livrer la moindre information sur le rôle qu'a joué cet individu.
Le Premier ministre Charles Michel a exhorté mercredi la population belge à "garder son sang-froid". L'alerte antiterroriste a été maintenue au niveau 3 (sur 4), ce qui signifie que "la menace est possible et vraisemblable".
L'enquête sur les attentats de Paris a montré qu'ils avaient été largement préparés et coordonnés depuis Bruxelles.
Et un des kamikazes de Paris, Brahim Abdeslam, a été inhumé jeudi au cimetière multiconfessionnel de Bruxelles. Une vingtaine de proches et amis de Brahim, dont le frère Salah est toujours introuvable, étaient présents à cette cérémonie, surveillée par des policiers en civil, a constaté l'AFP. Un autre kamikaze, Bilal Hadfi, avait été enterré à quelques mètres la semaine dernière.
Selon les médias locaux, les autorités vont par ailleurs déployer dès vendredi 140 militaires autour des centrales nucléaires de Doel (nord) et Tihange (sud-est).
Cette mesure a été décidée début mars après la découverte chez un des suspects incarcérés en Belgique en lien avec les attentats de Paris d'images filmées en cachette de la maison d'un haut responsable du secteur nucléaire belge.
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