Depuis plusieurs jours, la pression médiatique et même politique ne cesse d'augmenter sur l'archevêque de Lyon, figure majeure de l'Eglise de France.
Après le Premier ministre Manuel Valls, qui lui a demandé mardi de "prendre ses responsabilités, de parler et d'agir", sa secrétaire d'Etat à l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, est allée plus loin jeudi, jugeant que le départ du cardinal serait "la moindre des choses".
Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat, estime que "l'Eglise doit faire le ménage en toute transparence", tout en soulignant qu"'il ne (lui) appartient pas de dire s'il doit démissionner ou pas".
Son homologue chez Les Républicains, Bruno Retailleau, souligne que la pédophilie est "un crime encore plus abject lorsqu'il s'agit d'un prêtre" mais "(s)e méfie du tribunal médiatique".
Chaque jour ou presque apporte une nouvelle accusation, même si le troisième cas, révélé mercredi, semble différent des deux premiers.
Selon le porte-parole de l'épiscopat, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, cette affaire concerne un prêtre du diocèse de Rodez "condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des gestes déplacés sur des majeurs, il ne s'agit donc en aucun cas de pédophilie".
Le prêtre a ensuite "été nommé dans le diocèse de Lyon" afin de "protéger les victimes", a expliqué le prélat, assurant que l'archevêché est même allé "au-delà des recommandations du juge" d'application des peines.
Les plaintes pour non-dénonciation visant l'archevêque de Lyon sont très embarrassantes pour l'épiscopat, qui pensait s'être mis au clair depuis la condamnation d'un évêque en 2001, et découvre aujourd'hui qu'un gros travail reste à accomplir concernant des faits anciens.
Le cardinal Philippe Barbarin est accusé d'avoir réagi trop tard dans l'affaire Bernard Preynat, du nom d'un prêtre mis en examen pour des agressions pédophiles de scouts lyonnais entre 1986 et 1991.
Une nouvelle plainte touchant l'archevêque a été déposée en février, par un haut responsable au ministère de l'Intérieur, concernant des atteintes sexuelles commises par un autre prêtre lyonnais, suspendu mardi.
- 'L'affaire de trop' -
L'épiscopat, réuni en assemblée à Lourdes, affiche à la fois sa "compassion" pour les victimes d'actes qui ne bénéficient selon lui d'"aucune prescription morale", et son "soutien" au cardinal Barbarin, l'une des plus éminentes figures du catholicisme français, réputé proche du pape François.
Mais selon l'historien des religions Odon Vallet, ce soutien s'exerce "du bout des lèvres", et "les évêques sont très mal à l'aise". "Le cardinal Barbarin doit renoncer à sa charge", tranche dans Le Parisien cet observateur après "l'affaire de trop".
Les pressions politiques passent cependant mal chez certains catholiques.
L'écrivain et journaliste Jean-Pierre Denis se dit ainsi "surpris" par ces "atteintes à la laïcité, à la séparation des pouvoirs et à la présomption d'innocence".
Il estime que la tempête tient aussi à la figure du cardinal Barbarin, conservateur sur l'avortement, la famille et la fin de vie, et qui ne craint pas la lumière médiatique.
"Il a pris des positions très fortes contre le +mariage pour tous+, faisant à l'époque quelques gaffes. On essaie aujourd'hui de le lui faire payer", estime le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie, n'hésitant pas à parler d'une "chasse au Barbarin".
Refusant tout "déni" face à la pédophilie, l'abbé blogueur Pierre-Hervé Grosjean souligne que "ceux qui ont l'honnêteté de regarder la réalité en face voient l'évolution de l'Eglise, qui est aujourd'hui claire sur ces faits, la façon de protéger les victimes et la volonté que cela ne se reproduise pas".
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