On ne connaît ni son visage ni son âge, ni même si elle habite en Italie - certains pensent même qu'elle réside en Grèce - mais ses romans, publiés dans une trentaine de pays et traduits dans plusieurs langues, connaissent un réel succès populaire.
Début décembre, le New York Times a ainsi classé le quatrième tome de la saga parmi les "dix meilleurs livres de 2015".
"L'amie prodigieuse" raconte l'histoire de deux jeunes femmes brillantes et rivales, Lila et Lenu, dans la Naples du milieu du XXe siècle. Ce roman en quatre tomes décrit leur quotidien de manière très réaliste, de leur enfance à leur vie de mères.
Plusieurs fois sélectionnée pour des prix littéraires, notamment le Femina en France ou le Strega en Italie, Elena Ferrante n'a encore jamais remporté de distinction.
Mais cela pourrait changer ce printemps car sa "Storia della bambina perduta" (publié en 2014 et pas encore traduit en français), quatrième tome de la saga, vient d'être choisie aux côtés des ?uvres des Prix Nobel Orhan Pamuk et Kenzaburo Oé, dans la liste du plus prestigieux des prix britanniques, le Man Booker International.
Cette pré-sélection de treize livres, tous traduits en anglais, sera réduite le 14 avril à six romans. Le lauréat sera ensuite désigné le 16 mai.
L'écrivaine, qui s'est lancée dans la littérature dans les années 1990, a toujours fait savoir que son anonymat était nécessaire pour donner plus de poids à ses personnages et à ses intrigues.
Là où certains voient surtout une efficace stratégie commerciale, elle répond par la nécessité de se consacrer uniquement à son écriture, pour ne pas avoir à jouer le "rôle" de l'auteur célèbre.
Une Napolitaine, cultivée et sexagénaire
Le silence de l'auteure et de son éditeur, la petite maison romaine E/O, ne s'est même pas brisé ce week-end après la publication par le Corriere della Sera des résultats d'une étude censée révéler "la véritable identité d'Elena Ferrante".
Selon le quotidien, qui reprend le travail du philologue Marco Santagata effectué sur des éléments chronologiques et topographiques des quatre romans de la saga, Elena Ferrante serait en fait Marcella Marmo, une professeur d'histoire contemporaine, née à Naples en 1946.
L'un des éléments les plus troublants, selon l'universitaire, est que Mme Marmo est l'une des rares Napolitaines à avoir effectué ses études à la prestigieuse Ecole Normale de Pise, comme les héroïnes de la saga.
"Non, je ne suis pas Elena Ferrante. Ma créativité, je l'exprime seulement en cuisine", a assuré modestement Mme Marmo, interrogée par le quotidien.
Affable, cultivée, auteure d'importants essais et analyses littéraires, la professeure a semblé s'amuser plus que s'irriter de ces "révélations" sur son identité, que la maison d'édition d'Elena Ferrante a immédiatement démenties.
Selon M. Santagata, plusieurs indices étayent sa théorie: le style des deux femmes est proche, notamment dans leur usage des images et des métaphores, et la vraie vie de la professeure d'histoire, entre Naples, Pise et Turin, est quasiment parallèle à celle, imaginaire, de Lenu.
Les romans d'Elena Ferrante passionnent parce qu'ils sont bien écrits, abordables, et qu'ils racontent 60 ans de l'histoire récente de l'Italie, avec un angle particulier sur les femmes, transposée dans un quartier populaire de Naples.
Ce n'est pas la première fois que l'on cherche à savoir qui se cache derrière l'auteur à succès.
L'an dernier, les soupçons s'étaient portés sur la créatrice et la directrice de la publication des éditions E/O, ainsi que sur le couple formé par l'écrivain Domenico Starnone et son épouse, la traductrice Anita Raja.
A chaque fois, le profil est le même: une femme, napolitaine, cultivée et de plus de 60 ans. Qui sera la prochaine ?
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