Le gouvernement, qui a remanié son projet face à la levée de boucliers des syndicats, des organisations de jeunesse et jusque dans les rangs socialistes, se dit confiant d'avoir une majorité, mais les opposants à cette réforme du code du travail entendent maintenir la pression après une première mobilisation la semaine dernière et à peine plus d'un an avant la présidentielle.
Dans la capitale, le cortège rassemblant plusieurs milliers de personnes s'est ébranlé vers 14H00, depuis la place de la République. La sono diffuse du reggae, les participants dansent sous le soleil et les pancartes proclament "Pierre Gattaz au RSA, El Khomri au RMI", "Nous ne serons pas de la chair à patron", "La rue maintenant pour ne pas y être dans 30 ans".
Plus tôt dans la journée, trois manifestants ont été interpellés, toujours à Paris, et deux policiers légèrement blessés, selon une source policière, lorsque des incidents ont éclaté en marge d'un cortège improvisé.
Des établissements bancaires et une agence immobilière ont subi des dégradations vers le boulevard Voltaire, entre République et Nation, a constaté une journaliste de l'AFP. La police a dénoncé la présence de "quelques casseurs" dans le cortège.
A Rennes, des centaines de manifestants ont envahi la gare et sont descendus sur les voies, provoquant l'interruption du trafic pendant une trentaine de minutes. Plusieurs, dont certains avec des cagoules, se sont rendus directement devant la mairie et des gaz lacrymogènes ont été tirés par les policiers pour empêcher une intrusion dans le bâtiment, selon la police.
- "On peut se retrouver dans la précarité" -
A Marseille, des échauffourées ont brièvement éclaté entre une centaine de jeunes, dont certains cagoulés, et des policiers devant un commissariat sur la Canebière.
Le ministère de l'Education nationale a décompté 115 lycées bloqués en France, totalement ou partiellement, sur 2.500 lycées publics. Les organisations lycéennes évoquent une mobilisation "largement" supérieure à celle du 9 mars, parlant de 120 à 200 établissements bloqués.
Côté universités, plusieurs sites étaient fermés: certains campus parisiens (Sorbonne, Tolbiac, Saint-Denis), Lumière-Lyon II et le campus Victoire à Bordeaux.
Les cortèges rassemblaient 3.000 personnes à Lyon, 2.200 à Bordeaux, 1.300 à Grenoble, 2.500 à Toulouse, un millier à Perpignan, entre 700 et 1.000 à Rodez, 2.000 à Tours, 1.200 à Strasbourg selon la police.
A côté des étudiants et lycéens marchaient aussi des sympathisants syndicalistes (CGT, FO etc.) et du parti communiste ou du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
Devant Sciences Po à Rennes, une petite centaine d'étudiants sont partis vers la faculté de droit. "Ce n'est pas parce qu'on peut passer pour des étudiants privilégiés qu'on n'est pas concerné", lance Théo, 20 ans. "On peut se retrouver dans la précarité. On n'a pas d'avenir tout tracé."
Près du lycée Voltaire, dans l'est parisien, des élèves se sont massés en bordure de l'avenue République avec des sifflets, lancent des pétards et bloquent quelques voitures avec des barrières métalliques avant de les laisser passer. "On continuera de bloquer jusqu'au retrait de la loi. Mais il faut être réaliste, ça tiendra pas longtemps, on n'est que des lycéens", déclare Julie, 15 ans.
La nouvelle version du projet présentée lundi par Manuel Valls n'a pas eu raison de la colère de toutes les organisations de jeunesse, mais la Fage a, elle, accepté de poursuivre le "dialogue" et n'appelle pas à manifester. Un point en particulier a convaincu le deuxième syndicat étudiant: la garantie jeunes, dispositif d'accompagnement renforcé vers l'emploi, qui deviendra un droit pour tous les jeunes sans emploi ni formation.
Mais, pour les contestataires, "l'universalité" de cette mesure "reste un mot creux", car sa mise en oeuvre pour les 900.000 jeunes concernés coûterait quatre à cinq milliards d'euros, selon l'Unef.
Pendant sa campagne, le candidat François Hollande avait fait de la jeunesse une priorité de son quinquennat. Une promesse que lui rappellent à l'envi les organisations de jeunes.
Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 24 mars, et le gouvernement espère le faire adopter d'ici l'été.
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