Cette délégation, dite "Groupe de Moscou", qui inclut également deux représentants du "Groupe du Caire", est vivement contestée par l'opposition "officielle" réunie au sein du Haut comité des négociations (HCN). Le HCN, qui regroupe des représentants politiques et des groupes armés, s'estime seul interlocuteur de l'ONU et dénie toute légitimité au Groupe de Moscou sur le terrain.
"Nous sommes ici en tant que négociateurs", a toutefois affirmé Randa Kassis, opposante laïque et co-présidente de la délégation, à l'issue de leur rencontre avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
"Nous voulons un processus de transition, une solution politique. Nous ne sommes pas en concurrence avec quiconque, nous sommes tous des composantes de la négociation", a martelé à son tour Qadri Jamil, co-président de la délégation et ancien vice-Premier ministre syrien.
M. De Mistura, seul en mesure de préciser le statut exact de cette délégation, entre consultants ou négociateurs, ne s'est pas présenté devant la presse, contrairement à ce qui était prévu.
Contrairement au HCN, qui exige le départ du président syrien Bachar al-Assad au moment où démarrera la transition politique, le "Groupe de Moscou", toléré par le régime de Damas, prône "un dialogue sans condition préalable et la recherche du consensus".
Dans un document en 7 points remis au médiateur de l'ONU, la délégation soutient l'idée d'un "organe gouvernemental de transition", mais ajoute que "sa définition et sa composition devront faire l'objet de négociations".
Les pourparlers de paix, qui ont débuté lundi à Genève, se déroulent selon un format dit de "proximité", le médiateur de l'ONU recevant l'une après l'autre les délégations du régime et de l'opposition.
- L'avenir du président Assad -
La question de l'avenir du président Assad est au coeur de ces discussions.
Le négociateur en chef du HCN, le chef rebelle salafiste Mohammed Allouche, a déclaré samedi à son arrivée en Suisse que la période de transition en Syrie devait débuter "avec la chute ou la mort de Bachar al-Assad".
L'ONU s'est fixé pour objectif de mettre en place d'ici six mois un organe de transition doté de tous les pouvoirs à Damas et d'organiser des élections législatives et présidentielle dans les 12 mois suivants.
Le gouvernement syrien conçoit cette transition comme un simple "gouvernement d'union" élargi à certains opposants.
Le négociateur en chef du régime de Damas, l'ambassadeur de Syrie à l'ONU Bachar al-Jaafari, a déclaré mercredi, à l'issue de son deuxième entretien avec M. De Mistura, que "personne ne peut monopoliser le droit de représenter l'opposition", en référence au HCN qui refuse de reconnaître le Groupe de Moscou.
Le deux co-présidents de la délégation du "Groupe de Moscou" ont par ailleurs insisté sur la nécessité de "lever l'embargo" contre la participation des Kurdes de Syrie aux pourparlers de Genève.
Alliés de Moscou et de Washington, les Kurdes syriens contrôlent plus de 10% du territoire et les trois quarts de la frontière syro-turque, mais ils sont pour l'instant tenus à l'écart des négociations, sous la pression de la Turquie, qui est elle-même confrontée à un problème avec sa communauté kurde.
- simple coïncidence ? -
Simple coïncidence ? L'invitation adressée au groupe d'opposants syriens proches de Moscou intervient alors que le président russe Vladimir Poutine a annoncé, à la surprise générale, un retrait partiel de son dispositif militaire en Syrie.
Des avions de combats et de transport ont quitté mercredi la base aérienne de Hmeimim (nord-ouest de la Syrie), a annoncé le ministère russe de la Défense. Un premier groupe était déjà parti mardi.
Toutefois, ce retrait reste pour l'instant très limité, a déclaré un porte-parole militaire américain.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui doit aller la semaine prochaine à Moscou, s'est entretenu dans la soirée avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, de la situation en Syrie et du "renforcement de la cessation des hostilités", imposée depuis le 27 février.
Moscou a annoncé la poursuite de ses frappes contre des "objectifs terroristes". Son aviation a ainsi frappé mardi Palmyre (centre), tenue par le groupe jihadiste État Islamique (EI).
Selon l'institut spécialisé IHS Jane's, basé à Londres, l'EI a perdu, entre le 1er janvier 2015 et le 14 mars 2016, 22% du territoire qu'il contrôlait en Syrie et en Irak.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 270.000 morts depuis 5 ans et a déplacé la moitié de la population, a fait fuir les deux tiers des chrétiens, passés de 1,5 million à quelque 500.000, a déploré mercredi à Genève l'évêque chaldéen d'Alep, Monseigneur Antoine Audo.
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