"Maintenant il faut de la clarté. (...) La question que je vais poser à chaque dirigeant du Parti socialiste, c'est +êtes-vous favorable à la candidature de François Hollande ?+", a annoncé le premier secrétaire du Parti socialiste.
Il a précisé sur iTELE vouloir interroger "tout le monde", c'est-à-dire les dirigeants du PS, mais aussi "les ministres" et "les dirigeants des collectivités locales", mais pas l'ensemble des militants.
"Il faut vous prononcer. Vous dites si vous êtes pour ou si vous êtes contre. Si vous êtes pour, vous faites un mouvement pour. Si vous êtes contre, vous vous présentez", a-t-il énoncé.
Manière de resserrer les rangs derrière un candidat "naturel" et de torpiller la primaire à gauche? Les visées du premier secrétaire du PS ne sont pas forcément limpides.
Jugée à "contre-temps" par le député frondeur Christian Paul, la demande de M. Cambadélis intervient à 13 mois de la présidentielle de 2017, alors que François Hollande n'a pas encore dit s'il serait candidat à sa propre succession.
"Personne ne peut préempter le fait que François Hollande décide ou non d'y participer", relève Marie-Noëlle Lienemann. De fait, le chef de l'Etat a pris l'engagement de ne se présenter qu'en cas d'inversion de la courbe du chômage, une condition pas encore remplie.
"Il n'est pas le surveillant général pour savoir qui est apte à être président de la République!", s'agace Mme Lienemann, qui envisage elle-même d'être candidate à une éventuelle "primaire des gauches et des écologistes".
- "A quoi il joue?" -
Pour les membres de l'aile gauche du parti interrogés par l'AFP, l'injonction de M. Cambadélis n'est en réalité qu'une nouvelle étape dans ses tergiversations face à la tenue d'une primaire.
Elle est d'ailleurs formulée au lendemain d'une nouvelle réunion entre des membres du PS, Europe Ecologie-Les Verts, le Parti communiste et Ensemble pour décider du calendrier de cette éventuelle primaire.
"Cet appel intervient à un moment étrange, alors que le processus de discussion avec l'ensemble des organisations de gauche avance plutôt bien sur les règles et sur le calendrier", estime Christian Paul.
Dans un mois, le 9 avril, un conseil national du parti socialiste doit entériner (ou non) les conditions d'organisation d'une primaire telle qu'elles auront été négociées avec les autres participants. "On va dire qu'on est pour la primaire et qu'on se battra pour que les conditions soient réunies", déclarait jeudi un responsable PS pour qui une telle primaire serait "une chance inespérée pour François Hollande".
"Il est temps de clarifier la situation parce que beaucoup, à la gauche du PS, ont peut-être en tête d'interdire, ce qui serait quand même un comble, une candidature de François Hollande au sein de ces primaires", a commenté vendredi la députée PS Karine Berger.
Marie-Noëlle Lienemann y voit à l'inverse un Premier secrétaire "embarrassé", essayant de "noyer le poisson pour que l'affaire des primaires soit encore reportée". Pour elle, "c'est son problème" s'il veut que François Hollande soit candidat, "pas celui du PS" qui compte dans ses statuts le principe d'une primaire ouverte.
La semaine dernière, M. Cambadélis avait d'ailleurs exprimé clairement sa préférence pour une candidature du président sortant, estimant que Manuel Valls, Emmanuel Macron ou Arnaud Montebourg n'étaient "pas en situation".
"Le pays voudra être rassuré, il ne fera pas dans l'aventure, dans l'expérimentation. Il ne se jettera pas dans les bras de tel ou tel, aussi brillant soit-il", avait lâché le Premier secrétaire, rejoint mardi par le proche de François Hollande, François Rebsamen, pour qui "Hollande est le meilleur candidat".
"A quoi il joue?", s'est interrogé le député européen Europe Ecologie-Les Verts et initiateur de la primaire des gauches, Yannick Jadot. "Au moment où le comité d'organisation est en train de se mettre d'accord sur un calendrier, il cherche à déstabiliser un processus qui se construit", s'est-il agacé.
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