C'est la première réponse du gouvernement après les manifestations assez nourries à Paris et dans plusieurs villes de France mercredi: l'Unef, la Fage puis les organisations lycéennes (Fidl, UNL et SGL) sont à leur tour reçues par le Premier ministre dans le cadre de la concertation sur le projet controversé. Les entretiens, qui s'étalent jusqu'à 13H00, ont débuté vers 10H00.
Le président François Hollande a réitéré jeudi la position de l'exécutif: il y aura "forcément" des "corrections à établir", a-t-il promis, mais pas de retrait du texte, sans doute la dernière grande réforme du quinquennat.
Reste que les organisations de la jeunesse reçues vendredi matin à Matignon partagent ce même mot d'ordre ou presque: retrait pour l'Unef, retrait pour les lycéens et retrait des principales mesures pour la Fage.
"Le seuil de tolérance des jeunes à la précarité, il est déjà dépassé", a lancé le président de l'Unef, William Martinet, 27 ans, sur France Info, disant ne pas vouloir "discuter avec ce gouvernement pour savoir à quel point on augmente un peu beaucoup passionnément à la folie la précarité dans l'entreprise".
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a pour sa part accusé l'Unef de "faussement politiser" le mouvement. La branche cadette du parti, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), opposé à la réforme, a lui aussi été reçu, jeudi soir, par la ministre Najat Vallaud-Belkacem (Education).
C'est la première fois qu'un gouvernement de gauche doit lancer une concertation formelle avec des organisations de jeunesse depuis le mouvement lycéen de 1990, reçu par François Mitterrand à l'Elysée.
- Principal obstacle à lever du côté de la CFDT -
Ce dernier round de consultations achève la phase d'écoute, finalement la plus facile de la man?uvre gouvernementale sur le projet de réforme du droit du travail, dont l'arrivée en Conseil des ministres a été reportée au 24 mars.
L'exécutif doit désormais décider. Et ce d'ici lundi après-midi, moment où il retrouvera tous ensemble syndicats et patronat (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et Unsa côté syndical, Medef, CGPME et UPA côté patronal) reçus individuellement entre lundi et mercredi.
Aucune réforme n'a mis autant de monde dans la rue depuis la légalisation du mariage homosexuel. Mercredi, entre 224.000 personnes, selon les autorités, et 500.000 personnes, selon les organisateurs, ont battu le pavé pour exiger le retrait.
Renforcer le compte personnel d'activité, le principal volet favorable aux salariés dans le texte? Probable, même si le Medef et la CGPME sont réticents. En tout cas, pas suffisant pour convaincre les syndicats.
Une nouvelle surtaxe sur les CDD, qui existe déjà depuis un accord de 2013? Elle relève des négociations sur l'assurance-chômage entre les partenaires sociaux, et pas directement du gouvernement. Et ces négociations doivent durer jusqu'en juin.
Le principal obstacle à lever pour l'exécutif est du côté de la CFDT. La centrale réformiste et son secrétaire général Laurent Berger ont fait du retrait d'une des principales mesures, la barémisation des indemnités prud'homales, une "condition sine qua non".
Passer outre son soutien signifie aller à la case parlementaire sans l'appui d'aucun des trois grands syndicats, la CGT et FO étant sur des positions irréconciliables avec les visées de M. Valls et de ses ministres Emmanuel Macron et Myriam El Khomri.
"Le risque c'est de perdre les syndicats réformistes. Là, vous touchez au modèle français, il faut veiller à trouver le point d'équilibre par la méthode. Si vous échouez, il n'y a plus de réforme", prévient un ministre.
D'autant que certains parlementaires de la majorité menacent de s'opposer au projet s'il reste en l'état. Manuel Valls retrouvera le groupe PS lundi soir.
"Comme d'habitude, ce sera une loi pour rien, elle sera dévitalisée, ce sera un faux-semblant de loi", a jugé le patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau. Pour lui, les jeunes manifestants ne voient pas "que tous les conservatismes font une victime: la jeunesse".
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