A Sartana, un faubourg du port stratégique de Marioupol, la dernière grande ville de l'Est sous contrôle des autorités de Kiev, deux chattes tachetées vivent aux côtés des soldats ukrainiens non loin de la ligne de front.
Elles ont été sauvées des bombes par les militaires alors que les combats faisaient rage pour le contrôle du village avoisinant de Chirokiné.
Les animaux avaient été abandonnés par des habitants ayant fui le conflit entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses, qui a fait plus de 9.000 morts depuis son déclenchement il y a près de deux ans.
"Avec les chats, on a une relation mutuellement bénéfique: ils capturent les souris, nous on les nourrit. Ils nous réchauffent, et on les réchauffe aussi", raconte Pavlo, un mitrailleur de 28 ans.
"Le chat est un animal domestique. Là où il y a un chat, tout va bien dans la maison", ajoute ce jeune homme, archéologue de profession. Pavlo affirme d'ailleurs qu'une fois le conflit terminé, il rentrera à Kiev accompagné d'une des bêtes.
"Un camarade abritait un chiot à Chirokiné, ce chien a vécu les combats avec lui, a grandi auprès de lui. Au final, il l'a ramené à Kiev. C'est comme un membre de sa famille. Je compte aussi ramener un chat avec moi", dit-il.
Un grand chien noir que les soldats ont baptisé "Guilza" (cartouche) accourt alors à ses pieds dans la tranchée.
"Les chiens sont aussi d'une aide indispensable. En cas de danger, ils sont comme des alarmes, parce qu'ils entendent et voient mieux que les humains. Ils nous avertissent en cas de rapprochement de l'ennemi", explique le soldat.
Et c'est pourquoi les militaires en prennent grand soin. Chiens et chats y sont traités comme des rois.
Un soldat chargé des premiers soins et répondant au nom de guerre de "Rodon" avoue même avoir donné ses propres médicaments à la plupart des chiens sur place.
"On a ramené avec nous beaucoup de chiens qui avaient été abandonnés à Chirokiné par les locaux ayant fui les tirs. On les a soignés et nourris et ils ne voulaient plus partir. Lorsqu'ils sont massivement tombés malade, je les ai traités aux antibiotiques et à la vodka", explique-t-il.
Le jeune de 27 ans, originaire de Kiev, affirme aussi considérer les chats comme ses confrères en médecine car ils empêchent les rongeurs de propager des virus.
- "Comme des antidépresseurs" -
Il reconnaît que le plus grand atout de ces animaux est l'aide morale qu'ils apportent aux soldats. "Ils sont comme des antidépresseurs. Le moral grimpe dès qu'on les voit. Tu les appelles et ils courent vers toi et le moral s'améliore", raconte-t-il, en nourrissant des chiens.
De l'autre côté du front, à la périphérie de Donetsk, une unité de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) sous le commandement du rebelle "Tourok", 40 ans, est aussi accompagnée de jeunes chiots.
"Un grand berger sympa vivait avec nous. Il s'était rapproché de nous dès le début des combats. Des habitants du village l'avaient abandonné", raconte le chef. "Mais il a été tué récemment par une mine. Il ne reste que les chiots", déplore-t-il.
Pour les protéger de ces mines, qui truffent le sol de l'est de l'Ukraine et font presque quotidiennement des victimes dans la zone, les rebelles ont dès lors décidé de garder les chiots enfermés.
"Le roux s'appelle Adjudant et le noir, Major", sourit-il.
Pavlo, le soldat ukrainien, de son côté du front, ne veut pas donner de noms associés à la guerre à ses chats.
"Ce n'est pas correct. Quand je ramènerai un chat à la maison, là je lui donnerai un nom", conclut-il.
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