"Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie", a lancé l'archevêque de Lyon lors d'une conférence de presse en marge de l'assemblée de printemps des évêques, qui s'est ouverte mardi dans un huis clos troublé par la tempête médiatique.
Le primat des Gaules depuis 2002 était déjà fragilisé par l'affaire Bernard Preynat, du nom de ce prêtre mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991. A la lisière de ce dossier, le cardinal Barbarin est visé par une enquête préliminaire pour non dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans.
Une nouvelle plainte concernant l'archevêque a été déposée en février, par un haut responsable du ministère de l'Intérieur, concernant des atteintes sexuelles remontant au début des années 1990 et commis par un prêtre toujours en activité à Lyon.
Cette plainte pour mise en danger de la vie d'autrui fait suite à une première plainte déposée en 2009 à l'encontre du prêtre, classée sans suite par la justice pour cause de prescription.
"Ce sont des points très troubles, bien sûr, de la vie d'un prêtre mais qui n'ont plus rien à voir avec de la pédophilie", a commenté à Lourdes le cardinal Barbarin, d'après lequel les actes ont été commis sur un jeune âgé de "16-17 ans" puis "20 ans" au moment des faits. Indiquant toutefois qu'il n'avait "pas d'assurance" que ces actes ne se reproduiraient pas, le prélat a ajouté à propos du prêtre: "Je demande qu'il n'exerce pas son ministère, dans le monde entier, jusqu'à ce que la justice se fasse".
- Mgr Pontier "admire la laïcité" -
Le Premier ministre Manuel Valls a ajouté à la pression mardi en demandant au cardinal Barbarin de "prendre ses responsabilités".
"Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l?Église de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd'hui ouverte, c'est de prendre ses responsabilités. C'est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d'agir", a-t-il affirmé sur RMC.
"Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends", a répondu le cardinal Barbarin, se disant confiant que Manuel Valls "connaît mieux que (lui) les lois de la République" et "respecte la présomption d'innocence". Assis à ses côtés en conférence de presse, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, a ironisé: "J'admire la laïcité de notre pays".
Un peu plus tôt, dans son discours d'ouverture de l'assemblée épiscopale, l'archevêque de Marseille avait tenu "à redire ici, en notre nom à tous, que les évêques de France ont une volonté: faire la vérité pour les victimes. C'est cette priorité qui doit guider toutes nos actions dans ces affaires si douloureuses".
L'intervention du primat des Gaules a elle été jugée "pathétique" par un porte-parole de l'association des victimes du Père Preynat. "Si le cardinal pense prendre toutes ses responsabilités en se comportant de cette manière et en disant +Dieu soit loué, les faits sont prescrits+ (une phrase prononcée par le cardinal sur laquelle il est revenu, NDLR), ce n'est pas du tout quelque chose que les victimes peuvent entendre avec satisfaction", a souligné Bertrand Virieux, membre du collectif La Parole libérée.
Ce scandale pédophile est très embarrassant pour l?Église de France, qui affirme s'être mise au clair depuis la condamnation - inédite - en 2001 d'un évêque, Mgr Pierre Pican, pour non dénonciation des faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux, l'abbé René Bissey.
"Il y a eu un énorme travail fait depuis 15 ans", a réaffirmé mardi Mgr Stanislas Lalanne, qui pilote une "cellule de veille" sur la pédophilie. L'évêque de Pontoise a cependant reconnu la nécessité d'"approfondir" le travail pour mieux "accueillir et écouter" les victimes.
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