"Je suis heureux, l'oeuvre vient d'arriver dans de bonnes conditions" sur la côte, où elle doit être chargée sur un camion pour rejoindre la Dordogne, a commenté Xavier Bailly, administrateur de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.
Hélitreuillé, l'archange, menaçant de son épée le dragon incarnant le mal, s'est "envolé" peu avant 09H00 dans un ciel bleu, après une première tentative infructueuse. Il "s'est posé" quelque dix minutes plus tard sur la côte.
C'était "une opération éminemment délicate en raison de la préciosité de l?oeuvre, du caractère marin et venteux du Mont et de sa notoriété mondiale", avait expliqué M. Bailly avant l'opération.
Celle-ci avait été plusieurs fois reportée car elle exigeait une météo clémente plusieurs jours de suite, le temps de monter les derniers éléments de l'échafaudage indispensable à la préparation du décrochage.
C'est la première fois, depuis sa dernière restauration en 1987, que l'archange de 520 kg qui culmine à 156 m au-dessus de la mer, est décroché.
Contemporain de la statue de la liberté de New York, issue de la même fonderie, l'archange en cuivre doré, arrivé en 1897 au sommet de l'abbaye, n'a été restauré que deux fois dans son histoire.
Outre l'opération de 1987, la statue a aussi fait l'objet de réparations en 1935, mais sans décrochage. Seuls quelques éléments avaient été démontés pour être réparés, précise le Centre des monuments nationaux (CMN) qui gère l'abbaye.
En milieu d'après-midi, chargé sur un camion, Saint-Michel partira pour Marsac-sur-l'Isle, près de Périgueux, où il doit être restauré par la société Socra pendant deux mois.
- "L'or a disparu" -
Au total, mises aux normes comprises, l'opération doit coûter 450.000 euros.
La restauration de 1987 avait été facturée 579.300 euros (3,8 M de francs) mais elle incluait la flèche de l'abbaye sur laquelle est posée l'archange.
"Nous avons besoin de redorer l'archange. Il n'y a plus du tout de brillance", précise M. Bailly.
"L'or a disparu, a expliqué François Jeanneau, architecte en chef des Monuments historiques. Sur l'archange, on voit l'usure due au vent chargé de sable. Le cuivre devient apparent. Il faut donc rénover l'oeuvre pour la conserver", a-t-il ajouté.
Le plus prestigieux des doreurs français, Fabrice Gohard, se rendra à Marsac pour l'opération finale, selon le CMN.
Saint-Michel a aussi "fortement souffert de la foudre et des intempéries" du Mont selon le CMN qui va tenter de comprendre "les causes de la dégradation rapide de la dorure" depuis 1987.
"Nous profitons d'une mise aux normes des paratonnerres", que sont de fait l'épée et les ailes de l'archange, pour effectuer cette restauration, de moindre ampleur que celle de 1987, ajoute l'administrateur.
"On va le nettoyer, faire éventuellement quelques reprises de cuivre dessus et surtout le repeindre avec des peintures techniques pour recevoir la dorure, puis le dorer", a expliqué lundi à l'AFP Régis Foucher-Duchêne, conducteur des travaux de restauration, à la Socra.
La statue du Mont Saint Michel, qui fait 4,5 mètres de haut ailes incluses, n'impressionne pas la Socra. Cette société a déjà redonné son éclat à un jumeau de Saint-Michel, installé depuis 2007 au sommet de l'église Saint-Michel-des-Batignolles, dans le XVIIe à Paris. La restauration de la statue de la "Merveille" devrait être "plus facile car l'ossature semble en bien meilleur état", assure M. Foucher-Duchêne.
Il existe trois exemplaires de cet archange du sculpteur Emmanuel Frémiet. Un troisième, non doré, est exposé au musée d'Orsay à Paris, selon le CMN.
Le Mont Saint Michel dans son ensemble (abbaye, village et baie) est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979. C'est l'un des monuments les plus visités de France (deux à trois millions de personnes par an).
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