A l'ordre du jour de cette session jusqu'à vendredi, la Conférence des évêques de France (CEF) avait inscrit le dialogue avec les musulmans, l'accueil des prêtres étrangers et l'impact des réseaux sociaux sur le travail épiscopal.
Mais l'attitude de l'Eglise contre la pédophilie va s'inviter dans le discours d'ouverture de Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF, puis lors du libre "débat d'actualité". Un point presse a même été convoqué en urgence pour la mi-journée.
Car l'affaire Bernard Preynat, du nom de ce prêtre mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991, vient bousculer ce rendez-vous.
Une enquête préliminaire a été ordonnée notamment pour "non dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans", un volet qui pourrait mettre en cause des responsables du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin. Le primat des Gaules depuis 2002 devrait être présent au premier rang de l'hémicycle Sainte-Bernadette, comme lors de chaque assemblée plénière.
En route pour Lourdes lundi, l'archevêque de Lyon a dû réagir à de nouvelles allégations, émanant d'un homme accusant un autre prêtre pour des faits remontant à 1990 et 1993, alors qu'il avait 16 et 19 ans. Visé par une plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui et provocation au suicide", le cardinal, "consterné", a demandé dans un communiqué que "soient respectés ses droits, son honneur et la présomption d'innocence".
- Mgr Pontier, stop ou encore ? -
L'affaire Preynat est hautement embarrassante pour l'Eglise de France, qui affirme s'être mise au clair depuis la condamnation - inédite - en 2001 d'un évêque, Mgr Pierre Pican, pour non dénonciation des faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux, l'abbé René Bissey.
Dès 2000, l'assemblée épiscopale avait affirmé qu'"un évêque ne peut ni ne veut rester passif, encore moins couvrir des actes délictueux". Un vademecum, "Lutter contre la pédophilie", avait été publié en 2002 puis réédité en 2010, avant une piqûre de rappel en 2015. En phase, selon la CEF, avec la politique de "tolérance zéro" affichée par le Vatican.
"Nous travaillons depuis quinze ans sur ces sujets et sur la justesse de nos réactions", assurait à l'AFP il y a quelques jours Mgr Pontier, ajoutant: "tous, on est dans la position de fermeté, du respect des victimes et de la justice". Y compris le cardinal Barbarin, qui "a toujours été rigoureux".
Réagir constitue un exercice délicat pour l'épiscopat, tiraillé entre le "soutien" à l'une de ses plus éminentes figures et la "compassion" envers les victimes. Ces dernières en appellent au pape François, soulignant ne plus avoir "confiance" dans leur diocèse.
Les rares évêques qui s'expriment sur le sujet font bloc derrière le cardinal Barbarin et pour défendre la bonne foi de l'Eglise.
"Il y a quand même un acharnement par rapport au diocèse de Lyon", confiait la semaine dernière à l'AFP Mgr Stanislas Lalanne (Pontoise), responsable de la "cellule de veille" de l'épiscopat sur ces questions. "Je le connais, il n'a absolument pas voulu cacher quoi que ce soit", a dit au Parisien Mgr Michel Dubost (Evry) à propos de son "ami" Philippe Barbarin.
Dans ce tourbillon, l'un des enjeux de l'assemblée passera sans doute au second plan: le renouvellement - ou non - de Mgr Pontier pour un second mandat de trois ans à la CEF.
A 73 ans, cette figure d'apaisement a dit sa "disponibilité pour continuer... ou pour arrêter". Il est probable que les évêques ne prendront pas le risque d'un changement hasardeux dans un contexte aussi troublé.
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