Les trois agglomérations, parisienne, rouennaise et havraise, ont choisi le 106, sur les quais rive gauche de Rouen, pour présenter lundi 14 mars l'appel à projets « Réinventer la Seine », qui sera officiellement lancé en mai prochain. Un symbole que ce lieu transformé en salle de spectacles pour évoquer la requalification de la Seine. Ce que ne manque pas de souligner Frédéric Sanchez, président de la Métropole Rouen Normandie : « Nous sommes ici dans un hangar portuaire où, au fil des années, le décalage des activités portuaires vers l'aval de la Seine nous a conduit à la réappropriation du site pour en faire un lieu dédié à la culture, tourné vers l'avenir. »
C'est, en filigrane, tout le programme de Réinventer la Seine que l'élu déroule ainsi.
Des friches à reconvertir et des lieux à inventer
Car Réinventer la Seine, qu'est-ce donc concrètement ? Un appel à projets (40 sites sont concernés) pour reconvertir des lieux oubliés, déshérités et les remettre au goût du jour mais aussi proposer des projets nouveaux sur des sites encore vierges. En d'autres termes, lier l'identité historique de la Seine à son actualité, ce que résume Frédéric Sanchez : « Il ne s'agit pas simplement de passer un coup de propre sur l'ancien. Non, il faut réinventer la Seine d'aujourd'hui, retrouver de la vie. »
Certains sites courent après une reconversion depuis des années déjà. Il en est ainsi, par exemple, du complexe aquatique Océade et du chai à vin. Tous les deux situés à Rouen et abandonnés respectivement en 1991 et 1993, ils ont depuis été l'objet d'attentions de différents investisseurs. En vain. Alors, pourquoi les échecs d'hier deviendraient-ils des succès à la faveur de cet appel à projets ? « Nous voulons que cet appel à projets ait un effet d'accélérateur. Si nous sommes isolés, dispersés, notre visibilité internationale est moins bonne. Ensemble nous sommes à l'échelle des grands aménagements mondiaux», poursuit Frédéric Sanchez. Les investisseurs privés, et notamment internationaux, pourraient ainsi, en s'intéressant à certains sites contenus dans l'appel à projets, en découvrir d'autres et investir de nouveau.
Des logements sur l'eau au Havre
Sur la quarantaine de sites concernés, la moitié se situe en Normandie : la Métropole en compte sept, l'Eure trois et l'agglomération havraise neuf. Sur ce dernier territoire, le maire du Havre Edouard Philippe a déjà quelques idées précises en tête, notamment autour des bassins situés au coeur de la ville : « Le Havre est une ville universitaire, avec 12 000 étudiants? Nous pourrions imaginer des logements étudiants sur l'eau, autour de ces bassins », explique l'élu, évoquant notamment la possibilité de locaux de coworking ou des restaurants. L'hébergement flottant, c'est ce à quoi pense également Bernard Leroy, président de l'agglo Seine-Eure, qui imagine ses 3,5 hectares du Lac du Mensil, au coeur de la base de loisirs de Poses, dans l'Eure, aménagés pour accueillir les touristes et les familles venues passer du bon temps dans cet endroit privilégié.
Après le 106, le 107 et le 108, voilà le 105 à Rouen
À Rouen, les projets ne sont pas encore définis. Une seule certitude : après le 106, déjà opérationnel, après les futurs 107 et 108 (siège de la Métropole), l'espace du 105 va également être l'objet d'une construction future : « C'est un lieu situé en face du coeur médiéval de Rouen. Nous proposons aux investisseurs de réinventer le lieu pour des usages multiples, avec des bureaux et des logements. Le 105 a vocation à devenir un site emblème de la Métropole. » Surtout, l'aménagement du 105 viendra clore un chapitre de reconquête des quais et laissera le champ libre à un autre chantier, celui de l'écoquartier Flaubert, également concerné par l'appel à projets.
Quid du flux ferroviaire ?
Mais au-delà de cette multitude de sites à réinventer (voir la liste ci-dessous), la question du développement économique de la Seine, notamment par ses trois ports, se pose également. Car c'est aussi du trafic fluvial et ferroviaire que la vie reprendra sur cet axe, que Hervé Morin, président de Région, qualifie de « en panne ». Edouard Philippe ne dit pas autre chose quant il lie ce programme de reconquête de la Seine à son développement économique : « L'Axe Seine ne fonctionnera bien que s'il est un axe de développement économique dont la principale clé est la captation des flux. Il faut faire en sorte que les grandes routes mondiales passent par chez nous de façon à ce que les grands centres de production se mettent près de ces routes. Si les flux passent ailleurs, alors la présence industrielle sera moins grande et nous le paieront tous. » Et pour que ces flux passent chez nous, deux projets semblent capitaux : la ligne nouvelle Paris-Normandie, attendue au mieux pour 2030 et la ligne Serqueux-Gisors. Des infrastructures coûteuses mais indispensables pour que la Seine redevienne un lieu de vie sociale, culturelle, mais aussi économique.
L'agenda
Mai 2016 : lancement de l'appel à projets
Rentrée 2016 : remise de la manifestation d'intérêt par les porteurs de projet
Fin 2016-début 2017 : élaboration d'une offre définitive par les porteurs de projet préselectionnés
Premier trimestre 2017 : remise de l'offre définitive :
Printemps 2017 : jury final
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