Le plan d'urgence débloqué il y a six mois n'a pas suffi à soulager les agriculteurs européens, confrontés à un effondrement des prix du lait et du porc, dans un contexte marqué par la faiblesse de la demande et un embargo russe malvenu.
Invités à proposer de nouvelles pistes par la Commission, les Etats membres ne se sont pas fait prier: "Il y a eu cent propositions de nouvelles mesures", a souligné lundi le ministre néerlandais de l'Agriculture Martijn van Dam, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.
Ces propositions doivent être débattues dans la journée entre les ministres de l'Agriculture des 28 et être soumises à la Commission. En marge de la réunion, des agriculteurs devaient manifester à la mi-journée à proximité des institutions européennes.
Le commissaire à l'Agriculture Phil Hogan s'est engagé à "présenter un paquet de mesures significatif" à son arrivée à Bruxelles, mais sans détailler le contenu de ces mesures.
"J'espère aujourd'hui que les choses vont bouger dans le sens qui consiste à faire le constat tout simple que l'on est en suproduction dans beaucoup de secteurs agricoles", a plaidé de son côté le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
La France, première puissance agricole européenne, a multiplié les contacts avec d'autres gouvernements et estime notamment avoir rallié une majorité autour de mesures pour "stabiliser puis réduire" la production de lait, dont les niveaux, exceptionnels en Europe depuis la fin des quotas en avril 2015, contribuent à l'effondrement des prix.
Paris propose un relèvement des niveaux de stockage pour la poudre de lait, de 109.000 à 160.000 tonnes (pour l'ensemble des 28) et une dérogation temporaire autorisant les Etats à limiter la production. L'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Slovénie y sont favorables, a assuré le ministre français.
- 'Pas d'argent frais' -
Sur le porc, les mesures demandées consisteraient en un renforcement de l'aide au stockage privé et à un relèvement du plafond des aides ministérielles, de 15.000 à 30.000 euros sur trois ans.
Les mesures défendues par la France devraient se heurter à des pays comme l'Irlande, la Suède et le Danemark - qui ont beaucoup augmenté leur production laitière - et au Royaume-Uni, tous réticents face aux mesures d'intervention.
L'Espagne insiste aussi pour des mesures dans le secteur des fruits et légumes. "On a demandé une révision des prix de retrait, pour que le mécanisme de régulation du marché dans ce secteur fonctionne", a précisé lundi la ministre espagnole Isabel Garcia Tejerina.
Parmi les autres propositions soumises par les Etats membres, plusieurs pays demandent aussi des crédits à l'exportation, auxquels l'exécutif européen ne ferme pas la porte.
"Si on n'est pas capables ensemble à l'échelle européenne de mieux se coordonner et mieux se concerter, à ce moment là on ira vers des situations encore plus graves que celles que l'on connaît", a mis en garde le ministre français de l'Agriculture.
Mais la Commission a déjà prévenu avant la réunion de lundi qu'elle n'avait pas l'intention d'accepter de nouvelles dépenses financées par de "l'argent frais", et qu'elle avait des réticences à utiliser "la réserve de crise" européenne, "parce qu'il s'agit de l'argent des agriculteurs".
L'exécutif européen plaide pour une meilleure utilisation des instruments existants et relève que les aides débloquées il y a six mois n'ont pas été toutes utilisées par les Etats membres.
Le plan d'urgence européen prévoyait notamment 500 millions d'euros, principalement sous forme d'enveloppes nationales d'aides directes aux agriculteurs des secteurs les plus touchés, que les Etats membres peuvent doubler avec des fonds nationaux.
De nouveaux instruments d'aides au stockage privé de lait en poudre écrémé et de fromage avaient également été mis en place.
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