Le plan d'urgence débloqué il y a six mois n'a pas suffi pour remettre d'aplomb les agriculteurs européens, confrontés à un effondrement des prix du lait et du porc, dans un contexte marqué par la faiblesse de la demande et un embargo russe dont ils paient la facture.
Invités instammement à chercher de nouvelles pistes par le commissaire à l'Agriculture Phil Hogan, les Etats membres ne se sont pas fait prier: ils ont fait plus d'une centaine de propositions pour aider les secteurs les plus en difficulté.
Le rendez-vous du conseil de lundi "sera décisif pour réorienter l'approche libérale qui montre ses limites aujourd'hui", répète à l'envi le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, dont le pays est la première puissance agricole européenne.
La France, où les éleveurs manifestent leur détresse depuis l'été, a multiplié les contacts avec d'autres gouvernements et estime avoir rallié une majorité autour de mesures pour "stabiliser puis réduire" la production de lait, dont les niveaux, exceptionnels en Europe depuis la fin des quotas en avril 2015, contribuent à l'effondrement des prix.
Paris propose un relèvement des niveaux de stockage pour la poudre de lait, de 109.000 à 160.000 tonnes (pour l'ensemble des 28) et une dérogation temporaire autorisant les Etats à limiter la production. L'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Slovénie y sont favorables, a assuré le ministre français.
Sur le porc, les mesures demandées consisteraient en un renforcement de l'aide au stockage privé et à un relèvement du plafond des aides ministérielles, de 15.000 à 30.000 euros sur trois ans.
- 'Situation dramatique' -
Les mesures défendues par la France devraient se heurter à des pays comme l'Irlande, la Suède et le Danemark - qui ont beaucoup augmenté leur production laitière - et au Royaume-Uni, tous hostiles aux mesures d'intervention.
"Ces pays ne partagent pas le constat d'une surproduction: ils estiment que subsisteront ceux qui peuvent assumer des prix extrêmement bas", selon M. Le Foll.
Parmi les autres propositions soumises par les Etats membres, plusieurs pays demandent aussi des crédits à l'exportation, auxquels l'exécutif européen ne ferme pas la porte.
Mais la Commission n'a pas l'intention d'accepter de nouvelles dépenses financées par de "l'argent frais", et a des réticences à utiliser "la réserve de crise" européenne.
"C'est une voie que je préfèrerais éviter, parce qu'il s'agit de l'argent des agriculteurs", a préconisé le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, le 7 mars devant le Parlement européen.
Le Commissaire plaide pour une meilleure utilisation des instruments existants et relève que les aides débloquées il y a six mois n'ont pas encore été toutes utilisées par les Etats membres.
Le plan d'urgence européen prévoyait notamment 500 millions d'euros, principalement sous formes d'enveloppes nationales d'aides directes aux agriculteurs des secteurs les plus touchés, que les Etats membres peuvent doubler avec des fonds nationaux.
De nouveaux instruments d'aides au stockage privé de lait en poudre écrémé et de fromage avaient également été mis en place.
Outre les questions agricoles, le conseil ministériel de lundi abordera aussi la Pêche, avec l'adoption prévue de conclusions sur les accords de partenariat avec des pays tiers dans ce domaine.
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