Il était encore trop tôt en début d'après-midi pour chiffrer la participation globale à ces cortèges arborant les couleurs jaune et verte du drapeau brésilien.
Mais les images aériennes diffusées par les chaînes de télévision à Rio de Janeiro et Sao Paulo montraient des foules impressionnantes.
Quelque 100.000 personnes, selon la police militaire, ont manifesté dès le matin dans la capitale Brasilia face au Congrès des députés, sur l'Esplanade des ministères.
A Rio, qui accueillera les jeux Olympiques au mois d'août, une marée humaine a envahi la large avenue longeant la célèbre plage de Copacabana. La police a fait savoir qu'elle ne fournirait pas le nombre de ces manifestants, mais les organisateurs assuraient qu'ils étaient entre 700.000 et un million.
Le passage d'un petit avion sur lequel était accroché une banderole en faveur du gouvernement proclamant qu'"il n'y aura pas de coup d'Etat" a provoqué les huées de la foule.
Dans la capitale économique Sao Paulo, où les autorités ont dit attendre jusqu'à un million de personnes, la grande avenue Paulista était noire de monde dès avant le coup d'envoi imminent de la manifestation.
- "Jaloux des Argentins" -
"Nous avons besoin d'un Macri ici" pour relancer l'économie, a déclaré à l'AFP un des manifestants à Rio, Luis Adolfo Dabkiewicz, 57 ans. "Je n'aurais jamais imaginé être un jour jaloux des Argentins", pouvait-on lire sur la pancarte de cet admirateur du nouveau chef de l'Etat argentin Mauricio Macri, un libéral qui a succédé à la présidente de gauche Cristina Kirchner.
Des appels à défiler ont été lancés dans plus de 400 villes brésiliennes par des mouvements citoyens marqués à droite, à l'origine de trois actions de protestation similaires en 2015, dont la plus importante avait mobilisé jusqu'à 1,7 million de personnes en mars dernier.
Les partis de l'opposition ont pour la première fois annoncé leur participation aux manifestations de dimanche.
Le chef de l'opposition Aecio Neves, rival malheureux de Dilma Rousseff au second tour de la présidentielle de 2014, a précisé qu'il se joindrait au cortège de Sao Paulo.
Le Brésil, géant émergent d'Amérique latine, subit depuis 2015 une forte récession économique et une crise politique majeure attisée par le tentaculaire scandale de corruption Petrobras.
Ces trois éléments dévastateurs paralysent l'action du gouvernement du Parti des travailleurs (PT, gauche) de Dilma Rousseff. La présidente est au plus bas dans les sondages avec une cote de popularité d'à peine 10% et quelque 60% des Brésiliens sont en faveur de sa destitution.
Les manifestants ont aussi apporté en nombre leur soutien au juge Sergio Moro, "orgueil national", chargé de l'enquête sur le dossier de corruption Petrobras, qui éclabousse la coalition au pouvoir et les plus grands groupes de BTP du Brésil.
- "Marre" de tant de corruption -
A Brasilia, les détracteurs de Dilma Rousseff ont gonflé une grande poupée en plastique représentant Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), mentor et prédécesseur de l'actuelle présidente, en tenue de prisonnier à rayures blanches et noires.
Icône de la gauche brésilienne, Lula a été mis en cause ces derniers jours dans l'enquête Petrobras et par des procureurs de Sao Paulo qui réclament des poursuites contre lui pour "occultation de patrimoine" et son placement en détention.
"Je suis venue parce que j'en ai marre de tant de corruption et pour protester contre le désordre généralisé dans ce pays", a expliqué à l'AFP Rosilene Feitosa, une retraitée de 61 ans, à Sao Paulo. "J'ai déjà voté pour le PT. Mais jamais plus je ne le ferai. J'ai été avec Lula, mais je ne veux plus rien savoir de ce corrompu indécent", a-t-elle ajouté.
L'opposition compte sur l'ampleur de ces mouvements de protestation pour faire pression sur les députés qui hésitent encore à voter pour ou contre la destitution de la présidente.
Mme Rousseff est visée depuis décembre par une procédure parlementaire destinée à la destituer. Celle-ci a été déclenchée par l'opposition qui accuse son gouvernement de maquillage de comptes publics en 2014, pour favoriser sa réélection.
Freinée par le Tribunal suprême fédéral (STF), cette procédure à l'issue incertaine devrait être réactivée dès que la haute juridiction aura fixé, mercredi, les règles précises de son déroulement.
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