Les manifestants arborant les couleurs jaune et verte du maillot de la sélection nationale de football ont investi les rues de dizaines d'agglomérations: Brasilia (centre), à Rio de Janeiro, (sud-est), Belo Horizonte (sud-est), Recife (nord-est) ou Belem (nord).
L'opposition espère une mobilisation massive pour faire pression sur les députés hésitants qui devront voter pour ou contre la destitution de la présidente à l'Assemblée au cours des prochaines semaines.
Le géant émergent d'Amérique latine, hôte cet été des jeux Olympiques à Rio de Janeiro, subit depuis 2015 une forte récession économique et une crise politique majeure attisée par le tentaculaire scandale de corruption Petrobras.
Ces trois éléments dévastateurs paralysent l'action du gouvernement de Dilma Rousseff. La présidente est au plus bas dans les sondages avec une cote de popularité d'à peine 10%. Quelque 60% des Brésiliens sont en faveur de sa destitution.
Les manifestants hostiles au gouvernement agitaient aussi des pancartes en soutien au juge Sergio Moro, "orgueil national", chargé de l'enquête Petrobras. Ce dossier de corruption éclabousse la coalition au pouvoir et les patrons des plus puissants groupes de BTP du Brésil.
- 100.000 personnes à Brasilia -
Dans la capitale Brasilia, 100.000 personnes selon la police étaient massées devant le Congrès des députés, sur l'Esplanade des ministères, surveillé par un lourd dispositif policier.
A côté d'un podium, une grande poupée gonflable représentait l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) en tenue de prisonnier à rayures blanches et noires.
Icône de la gauche brésilienne, Lula a été mis en cause au cours des dix derniers jours dans l'enquête Petrobras et par des procureurs de Sao Paulo réclamant des poursuites contre lui pour "occultation de patrimoine" et son placement en détention.
A Rio de Janeiro, un long cortège s'étendait le long de la fameuse plage de Copacabana. Le passage d'un petit avion sur lequel était accroché une banderole en faveur du gouvernement proclamant qu'"il n'y aura pas de coup d'Etat" a provoqué les huées des manifestants.
Luis Adolfo Dabkiewicz, un carioca de 57 ans, portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "Je n'aurais jamais pensé envier un jour les Argentins".
"Nous avons besoin d'un Macri ici", a-t-il dit à un journaliste de l'AFP, parlant du nouveau chef de l'Etat argentin Mauricio Macri, un libéral qui a succédé à la présidente de gauche Cristina Kirchner.
Ces manifestations ont été convoquées dans plus de 400 villes par des mouvement citoyens marqués à droite à l'origine de trois journées de protestations identiques l'an dernier.
La plus importante avait mobilisé 1,7 million de Brésiliens en mars.
Pour la première fois, les partis d'opposition ont décidé de participer activement aux manifestations de dimanche.
La plus importante devrait avoir lieu dans l'après-midi à Sao Paulo, la capitale économique, et fief de l'opposition. Les autorités ont dit s'attendre à ce qu'il y ait jusqu'à un million de participants.
Le chef de l'opposition Aecio Neves, président du Parti démocrate brésilien (PSDB) et candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2014 remportée par Mme Rousseff, a annoncé sa présence.
La présidente est visée depuis décembre par une procédure parlementaire de destitution entamée par l'opposition qui accuse son gouvernement de maquillage de comptes publics en 2014, pour favoriser sa réélection.
Freinée par le Tribunal suprême fédéral (STF), cette procédure à l'issue incertaine devrait être réactivée dès que la haute juridiction aura fixé, mercredi, les règles précises de son déroulement.
Samedi, le grand parti centriste PMDB, incontournable allié du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir depuis 2003, s'est donné un délai de 30 jours pour décider de rester ou non au gouvernement.
Craignant des débordements, Mme Rousseff a appelé samedi soir les Brésiliens à manifester pacifiquement : "Je lance un appel à ce qu'il n'y ait pas de violences. Tout le monde à le droit de manifester, personne, d'aucun bord, de commettre des violences".
Lula avait vivement réagi il y a neuf jours à une brève et humiliante interpellation à son domicile de Sao Paulo par les enquêteurs dans le dossier Petrobras. Se disant victime d'une persécution judiciaire visant à l'éliminer de la course à la présidentielle de 2018, il avait appelé ses militants à descendre dans les rues.
Le PT a décidé de rester à l'écart des manifestations de dimanche, "pour éviter les provocations".
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