Le Premier ministre réunit les partenaires sociaux, l'Unef et la Fage (étudiants), lundi à partir de 14H30 à Matignon, pour leur faire connaître ses intentions.
Avant le jour J, le président de la République et Manuel Valls "se parlent tout au long de ce week-end", indique-t-on dans l'entourage de François Hollande.
Manuel Valls a promis vendredi de "bâtir un compromis dynamique et ambitieux", au terme d'un marathon de consultations. Il entend "corriger, rectifier, changer ce qui doit l'être, lever les ambiguïtés et répondre aux interrogations".
Ses propos font écho à ceux de François Hollande, qui a concédé jeudi: il y a "forcément des éclaircissements à donner, des corrections à établir". Mais pas question, pour lui, de "retirer" le texte, présenté en conseil des ministres le 24 mars.
Le gouvernement avance en terrain miné. Mercredi, les manifestations contre la réforme ont mobilisé de 220.000 à 500.000 personnes, selon les sources. Un "tour de chauffe" selon FO.
Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est fixée au 31 mars, à l'appel de sept syndicats de salariés (FO, CGT, Solidaires, FSU), d'étudiants (Unef) et de lycéens (Fidl, UNL). Les organisations de jeunes prévoient aussi de défiler jeudi. Selon un sondage Odoxa pour le Parisien, 78% de la jeunesse rejette la loi El Khomri.
Les "corrections" du gouvernement seront sans doute insuffisantes pour ces syndicats, qui exigent le retrait du texte, jugé irrécupérable. Ils se retrouvent jeudi en intersyndicale pour organiser leur mouvement.
Le numéro un de la CGT Philippe Martinez a d'ailleurs réaffirmé dimanche au Grand jury RTL/Le Figaro/LCI qu'il dirait lundi à Manuel Valls "il faut retirer le projet", refusant "qu'il y ait une loi différente selon les entreprises".
Mais l'enjeu primordial, pour l'exécutif, est de rassurer la CFDT, mobilisée contre le texte après avoir accompagné la plupart des réformes économiques et sociales du quinquennat.
Samedi, elle a rassemblé avec les autres syndicats réformistes (Unsa, CFTC, CFE-CGC et la Fage) de 600 à 700 personnes place de la République, à Paris.
Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a envoyé un message clair: "Si le gouvernement ne nous entend pas (...), nous n'aurons pas d'états d'âme à nous mobiliser dans la rue".
Le deuxième syndicat français approuve l'essentiel du projet - refondation du code du travail, avènement de l'accord majoritaire, souplesse laissée aux accords d'entreprises, CPA (compte personnel d'activité).
- Rassurer la majorité -
Mais deux mesures, venues se greffer sur le tard, sont jugées inacceptables: le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif et la réforme du licenciement économique, dont les critères seraient appréciés, pour les multinationales, sur leurs seules filiales françaises.
Le syndicat s'oppose aussi à la possibilité, dans les petites entreprises, d'appliquer le forfait-jours sans accord collectif.
Pour l'heure, les supputations vont bon train, mais le Premier ministre n'a quasiment rien laissé filtré de ses intentions.
Il doit aussi composer avec les craintes du patronat. Globalement satisfaits de la première mouture du projet de loi, le Medef et la CGPME redoutent que le gouvernement ne le dénature. "Renoncer serait suicidaire. Il faut conserver à ce texte toute sa cohérence", a dit le président de l'UIMM Alexandre Saubot (négociateur social du Medef) dans le JDD.
Dernier impératif pour Manuel Valls: rassurer sa majorité. Il s'est livré mardi à un exercice de pédagogie lors d'un séminaire des députés socialistes, dont beaucoup ont menacé de s'opposer à la réforme si elle restait en l'état.
Bruno Le Roux, chef des députés socialistes, a assuré qu'il y aurait des "améliorations significatives", notamment sur "la définition du licenciement économique".
Une conférence de presse du trio gouvernemental qui a mené les concertations toute la semaine - Manuel Valls, Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron ((Economie) - est prévue lundi à 17H00.
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