Vers 07H00, 80 jeunes militants de Génération identitaire, munis de fumigènes, de banderoles et de pneus qu'ils ont incendiés, ont interdit l'accès à deux ponts près du centre-ville de la cité portuaire, a indiqué la préfecture.
Au nombre de 130 selon un communiqué du groupuscule, ils protestaient contre la présence d'entre 3.700 et 7.000 migrants, selon les sources, dans la "jungle" à l'est de la cité portuaire.
La manifestation n'avait pas été déclarée en préfecture, ce qui a conduit les CRS à intervenir, puis disperser ses participants vers 09H00. Les autorités ont interpellé 14 personnes et saisi un camion "transportant du matériel du groupe identitaire", a informé la préfecture du Pas-de-Calais à l'AFP.
"Bernard Cazeneuve réaffirme la détermination du gouvernement à ne pas laisser quelques extrémistes instrumentaliser la question migratoire à Calais", a dit par communiqué le ministère de l'Intérieur samedi après-midi.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer a rapporté en début de soirée à l'AFP que les gardes à vue avaient été prolongées et que la décision d'éventuelles poursuites serait prise dimanche.
Le parquet a également précisé que l'une des 14 personnes en garde à vue est le jeune homme qui avait brandi un fusil en marge d'une manifestation de soutien aux migrants, le 23 janvier. Il avait été interpellé mais n'avait finalement pas été poursuivi par le ministère public.
Durant le blocage des deux ponts, des photos et une vidéo publiées sur Twitter montraient plusieurs groupes de jeunes assis à même le sol, certains portant des banderoles "No Way" ("On ne passe pas") et "Go Home" ("Rentrez chez vous"), et des CRS encerclant l'un des groupes. Les banderoles "Génération identitaire" avaient en outre été déployées sur les barrières des ponts.
- Agressions -
Génération identitaire est la branche jeunes du Bloc identitaire, fondé en 2003 par d'anciens leaders d'Unité radicale, le groupuscule dissous un an plus tôt après la tentative d'assassinat contre Jacques Chirac par l'un de ses sympathisants lors du défilé du 14 juillet. Adepte d'actions médiatiques, très présent sur internet, le Bloc identitaire défend une vision "ethnique" et "culturelle" de l'identité européenne, avec un discours islamophobe.
"Agressions contre les forces de l'ordre, contre des automobilistes et des chauffeurs routiers, émeutes en ville, désagrégation totale du tissu social et économique ? voilà ce qu'est devenu le quotidien de la ville martyre, avec une terrible accélération ces dernières semaines", a dit samedi Génération identitaire dans son communiqué.
Plusieurs associations ont fait état depuis quelques semaines de la recrudescence des agressions contre les migrants. Vendredi, cinq hommes soupçonnés d'avoir agressé des migrants à Calais en se faisant passer pour des policiers ont été mis en examen des chefs de "vol avec armes" et "transport d'armes de catégorie D" (barres de fer et manches de pioche).
Fin février, quatre personnes âgées d'entre 20 et 30 ans avaient également été mises en examen pour l'agression de migrants aux abords de la "jungle" entre mai et juin 2015.
Ces tensions de samedi surviennent après plusieurs manifestations antimigrants à Calais. L'une d'entre elles, début février à l'initiative du mouvement Pegida, né en Allemagne, avait conduit à l'interpellation puis la comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer de cinq personnes, dont le général Christian Piquemal, 75 ans.
Les milieux d'extrême droite avaient protesté contre l'arrestation de cet ancien patron de la légion étrangère (1995-1999), qui n'est plus en service actif. ils avaient organisé une autre manifestation, également interdite, quelques jours plus tard. Le procès du général Piquemal a été reporté au 12 mai pour raisons de santé. Deux personnes avaient été condamnées à trois et deux mois de prison ferme.
Samedi, le ministère de l'Intérieur a réaffirmé que "l'Etat poursui(vait) avec détermination son travail de mise à l'abri des migrants et de résolution des effets de la crise migratoire à Calais".
L'Etat démantèle ainsi depuis deux semaines la zone sud de la "jungle". Vendredi soir, selon la préfecture, un peu plus de cinq hectares, sur les 7,5 que compte la zone, avaient été déblayés par la société mandatée par l'Etat, après le passage des maraudes tentant de convaincre les migrants de quitter leurs abris pour d'autres solutions d'hébergement.
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