A l'issue de ces rencontres, le Premier ministre a affirmé vouloir "bâtir un compromis dynamique et ambitieux" promettant de "corriger, rectifier, changer ce qui doit l'être, lever les ambiguïtés et répondre aux interrogations qui se sont fait jour, non seulement de la part des organisations patronales, syndicales et de la jeunesse, mais d'une manière générale dans la société".
"Réformer, ça n'est pas passer en force, ça n'est pas brutaliser", a-t-il affirmé.
Mais la plupart des organisations de jeunes (l'Unef, la Fage, ainsi que trois organisations lycéennes, la Fidl, l'UNL et la SGL) conviées ce matin considèrent qu'elles n'ont pas été entendues par le gouvernement, à l'exception de la Fage, qui attend les annonces de lundi avant de décider si elle durcit sa position ou si elle appelle de nouveau à la mobilisation.
"Le désaccord de fond reste entier. Ce que nous explique le Premier ministre, c'est qu'on peut discuter de tout, mais pas de la loi travail", a critiqué William Martinet, le président du syndicat étudiant classé à gauche, confirmant la "journée d'action" du 17 mars et l'appel à la grève à la manifestation, commun notamment avec FO et la CGT, le 31.
Les trois organisations lycéennes, Fidl, UNL et SGL ont, elles, annoncé qu'elles seraient "dans la rue la semaine prochaine".
Cette rencontre à Matignon, aux côtés des ministres Myriam El Khomri (Travail) et Emmanuel Macron (Economie), décidée par le président Hollande, avait été annoncée au lendemain des manifestations contre le projet de révision du droit du travail, qui ont rassemblé entre 240.000 et 400.000 personnes à Paris et dans plusieurs villes, la plus forte mobilisation depuis les défilés contre le mariage homosexuel.
Malgré les appels au retrait complet du texte, portés notamment par la CGT, FO et les organisations de jeunes, François Hollande a réitéré jeudi la position de l'exécutif : "forcément" des "corrections à établir" mais pas de retrait.
Si le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a pour sa part accusé l'Unef de "faussement politiser" le mouvement, le parti au pouvoir est lui-même très divisé, avec des parlementaires qui menacent de s'y opposer et un Mouvement des jeunes socialistes (MJS) très remonté. Selon la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, qui a reçu le MJS jeudi soir, "le dialogue a été entamé" avec les organisations jeunesse, même si "ce n'est pas en une réunion qu'on peut résoudre tous les problèmes".
C'est la première fois qu'un gouvernement de gauche doit lancer une concertation avec des organisations de jeunesse depuis le mouvement lycéen de 1990, reçu par François Mitterrand à l'Elysée.
- Principal obstacle à lever du côté de la CFDT -
Ce dernier round de consultations achève la phase d'écoute, finalement la plus facile de la man?uvre gouvernementale sur ce projet de loi, dont l'arrivée en Conseil des ministres a été reportée au 24 mars.
L'exécutif doit désormais décider d'ici lundi après-midi, moment où il retrouvera ensemble syndicats et patronat (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et Unsa côté syndical, Medef, CGPME et UPA côté patronal), qui ont été reçus individuellement entre lundi et mercredi.
Renforcer le compte personnel d'activité, le principal volet favorable aux salariés dans le texte ? Probable, même si le Medef et la CGPME sont réticents.
Manuel Valls a évoqué vendredi des mesures sur les "droits à la formation", que "nous devrons bien sûr proposer". Mais cela ne semble pas suffisant pour convaincre les syndicats.
Une nouvelle surtaxe sur les CDD ? Elle relève des négociations sur l'assurance-chômage entre les partenaires sociaux, et pas directement du gouvernement. Et ces négociations doivent durer jusqu'en juin.
Le principal obstacle à lever pour l'exécutif est du côté de la CFDT, partenaire habituel, qui a fait du retrait de la barémisation des indemnités prud'homales une "condition sine qua non". Sans elle, l'exécutif irait au Parlement sans l'appui d'aucun des trois grands syndicats.
La droite, elle, anticipe une reculade. "Comme d'habitude, ce sera une loi pour rien, elle sera dévitalisée, ce sera un faux-semblant de loi", a jugé le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.
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