"Nous requérons la détention préventive contre Luiz Inacio Lula da Silva", écrivent les procureurs de Sao Paulo, qui réclament par ailleurs l'inculpation de l'icône de la gauche brésilienne pour occultation de patrimoine.
Ils accusent l'ancien chef de l'Etat (2003-2010) d'avoir porté atteinte à l'ordre public en demandant à la population de descendre dans les rues pour manifester contre la persécution judiciaire dont il se dit l'objet.
"Il ne peut en aucun cas inciter la population à s'insurger contre les investigations criminelles du ministère public, la police, pas plus que contre les décisions du pouvoir judiciaire", écrivent-ils dans un document officiel dont l?AFP a obtenu copie.
Il appartiendra à une juge de Sao Paulo désormais en charge du dossier de donner suite ou non aux demandes du parquet.
Le procureur "donne une nouvelle preuve de sa partialité en sollicitant la prison préventive", a commenté l'Institut Lula à Sao Paulo, dénonçant une "triste tentative d'utiliser sa fonction à des fins politiques".
L'incarcération de Lula "serait une ignominie" a réagi Rui Falcao, le président du Parti des Travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, fondé par Lula.
Le vice-président du PSDB, premier parti d'opposition, Carlos Sampaio, a également critiqué une demande "inhabituelle" et sans base solide.
"Cela n?est pas normal. Que l?on fasse un procès à Lula c?est correct. (...) Mais ce n?est pas parce que nous avons des divergences politiques que je vais vouloir pour lui un traitement différent de ce que je veux pour tous les citoyens", a-t-il souligné.
Ces derniers développement interviennent dans un climat politique très lourd, à trois jours des manifestations nationales convoquées par des mouvements d'opposition pour réclamer le départ du pouvoir de Dilma Rousseff, qui est visée par une procédure parlementaire de destitution.
- Lula ministre ? -
L'opposition espère une participation massive pour faire pression sur les députés hésitants, alors que la majorité parlementaire du camp présidentiel se délite dangereusement.
Le parquet de Sao Paulo avait requis mercredi soir des poursuites pour "blanchiment d'argent par le biais d'occultation de patrimoine et faux et usage de faux" contre Lula, cinq jours à peine après le coup de tonnerre de sa brève mais humiliante interpellation à son domicile de Sao Paulo, dans le cadre du gigantesque scandale de corruption Petrobras.
L'enquête du parquet de Sao Paulo porte sur un appartement triplex à Guaruja, une station balnéaire de l'Etat de Sao Paulo.
Celui-ci est au nom d'une grande entreprise du bâtiment, OAS, impliquée dans le scandale Petrobras. Mais les procureurs considèrent qu'il appartient en réalité à l'ancien président (2003-2010).
Lula proteste de son innocence, assurant qu'il avait pris une option d'achat sur cet appartement avant d'y renoncer.
"Nous avons des preuves documentées, et des témoins, une vingtaine de personnes ont rapporté que le triplex de Guaruja était destiné à l'ex-président et à sa famille", a déclaré jeudi le procureur Cassio Conserino au cours d'une conférence de presse.
Le parquet réclame également des poursuites contre l'épouse de Lula, Marisa, et leur fils Fabio.
A Brasilia, le camp présidentiel a invité Lula à accepter d'entrer au gouvernement à la tête d'un ministère de poids, voyant en lui le seul capable de sortir le gouvernement de l'impasse.
Lula échapperait par la même occasion à la justice ordinaire, les ministres ne pouvant comparaître que devant le Tribunal suprême fédéral (STF).
"Quelle équipe ne voudrait pas aligner Pelé sur le terrain ?", a confirmé à demi-mots le ministre du Secrétariat au gouvernement Ricardo Berzoini, en réponse aux questions des journalistes.
L'offensive judiciaire contre Lula tombe au plus mauvais moment pour Dilma Rousseff, confrontée à une profonde récession économique, à l'éclatement de sa majorité et à une fronde parlementaire qui paralyse totalement l'action du gouvernement.
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