Dès le matin, des milliers de personnes sont attendues tout au long des plus de 500 kilomètres de côtes des régions sinistrées.
Malgré le froid et souvent le crachin, en silence, avec des fleurs, des bougies, elles vont se recueillir comme chaque année à Sendai, Ishinomaki, Rikuzentakata, Minamisanriku et autres lieux du nord-est.
"Je voudrais d'une façon ou d'une autre travailler pour la prévention des catastrophes naturelles", a dit à la chaîne NHK une adolescente prénommée Shiori.
"Le Japon ne renaîtra pas sans la reconstruction du Tohoku" (nord-est), avait déclaré le Premier ministre Shinzo Abe lors d'une conférence de presse jeudi soir.
Le 11 mars 2011, quelque 18.500 vies ont été emportées par un raz-de-marée d'une ampleur telle qu'il n'en survient "qu'une fois par millénaire", disent les anciens au Japon. Les corps de 2.561 de ces personnes restent introuvables, sans doute à jamais, même si les recherches continuent.
Une cérémonie officielle en présence du couple impérial et de M. Abe se tiendra à Tokyo.
Une minute de silence sera observée à 14h46 (05h46 GMT) dans tout le pays, au moment précis où, il y a cinq ans, un vendredi aussi, se produisait au large de l'île principale de Honshu un séisme de magnitude 9 qui secoua une très grande partie du pays.
Le terrible film des événements d'alors traversera une fois encore tous les esprits: des hordes de salariés affolés quittant précipitamment les gratte-ciel de Tokyo, des trains renversés dans les régions du nord-est, des images effroyables, à peine croyables, de villes entières balayées par le tsunami, l'impossibilité de joindre les siens, des informations en cascade toutes plus désespérantes les unes que les autres, des milliers et des dizaines de milliers de personnes portées disparues.
- Familles brisées -
Et puis, à la fin de la journée, les premiers signaux alarmants en provenance de deux centrales nucléaires à Fukushima (Daiichi et Daini), les ordres d'évacuation dans un rayon de 2, puis 3 puis 10 et 20 kilomètres alentour. Et des jours et des jours d'angoisse.
Depuis cinq ans, Kenichi Hasegawa habite un préfabriqué provisoire, avec sa femme, chassé de sa belle maison de bois dans laquelle il vivait depuis 60 ans à Iitatemura, une des agglomérations totalement évacuées.
"On endure cette vie sans s'y habituer, on est fatigué", a confié à la NHK l'épouse de M. Hasegawa.
Lui se rend régulièrement dans son ancienne demeure le jour, pour nettoyer, "éviter que les herbes folles n'envahissent tout".
"C'est triste, il n'y a personne, nul ne vient", regrette-t-il, et la radioactivité reste élevée dans le jardin et les forêts, même si les pourtours de la maison et les routes ont été décontaminés.
"Dans ces régions rurales, les familles vivaient souvent à trois générations, elles sont désormais éparpillées à cause de l'accident", se désole M. Hasegawa, un agriculteur aujourd'hui désoeuvré.
"Ce qui a commencé comme une catastrophe naturelle s'est transformé en un des pires accidents industriels de l'histoire de l'humanité", déplore Junichi Sato, directeur exécutif de Greenpeace Japon, dans un courriel à l'AFP.
"Il n'y a pas de fin en vue pour les habitants de Fukushima, près de 100.000 personnes ne sont pas rentrées chez elles, beaucoup ne le pourront pas et le gouvernement continue de minimiser le niveau de radioactivité. C'est tragique et inacceptable", ajoute-t-il.
Moins de la moitié des 29.900 habitations pérennes à loyer modéré promises aux personnes qui n'ont pas les moyens de se reloger ont été construites, reconnaît le gouvernement.
Outre les victimes du tsunami, 3.405 décès ultérieurs sont attribués par les autorités aux conséquences de la catastrophe. L'évacuation en urgence, la dégradation des conditions de vie et de santé ont entraîné des morts prématurées, et des suicides.
Un rassemblement contre l'énergie nucléaire et le redémarrage de réacteurs est prévu vendredi en fin de journée à Tokyo.
"Notre pays pauvre en ressources ne peut se passer de l'énergie nucléaire pour se garantir un approvisionnement régulier en énergie, tout en tenant compte des considérations économiques et du changement climatique", avait déclaré jeudi soir M. Abe.
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