Le juge des tutelles de Reims a désigné Rachel Lambert, favorable à l'arrêt des soins, comme tuteur pendant dix ans de l'ancien infirmier psychiatrique. Il aura comme "subrogé-tuteur", une sorte de tuteur suppléant, l'UDAF (Union départementale des associations familiales) de la Marne.
La décision de mettre fin aux traitements appartient cependant toujours à l'équipe médicale du CHU de Reims.
C'est cette dernière qui avait justement saisi la justice pour réclamer des mesures de "protection globale" et "un référent qui pourrait représenter légalement" le patient. L'initiative faisait suite à un coup de théâtre: le refus en juillet du nouveau médecin en charge de Vincent Lambert de statuer sur sa fin de vie, en raison de pressions extérieures nuisant "à la sérénité", notamment après des menaces d'enlèvement. "L'hôpital manque de courage et fuit ses responsabilités", avait dénoncé François Lambert, neveu de Vincent, par la voix de son avocat.
La Cour européenne des droits de l'Homme venait pourtant de confirmer un mois plus tôt l'avis du Conseil d'Etat de juin 2014 qui estimait que la poursuite des soins de Vincent Lambert, victime en septembre 2008 d'un accident de la route ayant provoqué des lésions cérébrales irréversibles, constituait une "obstination déraisonnable".
Les parents de Vincent, considérant que l'état de santé de leur fils avait "évolué" positivement, et qu'il n'avait "rien à faire au CHU de Reims qui n'a qu'un projet de mort pour lui", espéraient que la désignation d'un tuteur extérieur à la famille ouvre la possibilité d'un transfert dans un autre établissement. Rachel Lambert, en revanche, s'oppose à ce transfert.
?La décision de la juge des tutelles est d'une grande sagesse. Elle donne du sens à la position de Mme Lambert, C'est un signe de reconnaissance, notamment dans les efforts qu'elle entreprend pour protéger sa cellule familiale? a réagi auprès de l'AFP l'avocate de Rachel Lambert, Sara Nourdin. "Cela signifie que, selon la justice, Rachel est la plus à même de représenter son époux", a ajouté Me Nourdin.
Le choix du juge est par contre une mauvaise nouvelle pour les parents, qui ont vivement réagi jeudi par leur avocat Jean Paillot.
- Les parents écartés du choix du lieu de vie -
"Nous allons faire appel. C'est une décision intellectuellement insatisfaisante, qui ne fait pas du tout progresser l'affaire. Les parents sont surpris et navrés", a affirmé Me Paillot.
Selon lui, le jugement rendu jeudi fait que Rachel Lambert est "à la fois juge et partie". "Imaginons qu'elle décide un transfert de Vincent en Belgique et demande une euthanasie...", a-t-il ajouté.
Le magistrat rémois a motivé la désignation d'une tutelle par "l'état de santé" de Vincent Lambert, dont "l'altération" des "facultés personnelles n'apparait manifestement pas susceptible de connaître une amélioration selon les données acquises de la science", dans un jugement que l'AFP a pu consulter.
Pour François Lambert, neveu de Vincent, convaincu que son oncle ne souhaitait pas subir d'acharnement thérapeutique, ce jugement "est un signe qu'aucune amélioration de l'état de santé de Vincent n'est possible, et que ce ne sont pas les parents qui choisiront son lieu de vie".
Rachel Lambert considérait que son mari n'avait "pas besoin d'un tuteur". Mais que, si un tuteur devait être désigné, elle était "évidemment légitime, sinon que resterait-il de notre mariage?".
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