Le Premier ministre annoncera lundi aux partenaires sociaux jusqu'où il accepte de revoir sa copie.
- Poursuite de la mobilisation -
Aucune réforme n'a mis autant de monde dans la rue depuis la légalisation du mariage homosexuel. Mercredi, entre 224.000 personnes, selon les autorités, et 500.000 personnes, selon les organisateurs (syndicats de salariés, d'étudiants, de lycéens), ont battu le pavé pour exiger le retrait du projet de réforme du droit du travail.
Ce n'est qu'un "premier avertissement", a prévenu Force ouvrière. Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est fixée au 31 mars, à l'appel de FO, de la CGT, de Solidaires notamment. Quant à l'Unef, principal syndicat étudiant, il donne rendez-vous dès le 17 mars.
De leur côté, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l'Unsa et la Fage (étudiants) ont prévu des rassemblements le 12 mars pour demander des modifications, plutôt qu'un retrait, du projet de loi. Mais elles n'excluent pas une plus forte mobilisation si elles ne sont pas entendues.
- Les jeunes reçus vendredi -
Face à la contestation et à la demande du président Hollande, Manuel Valls va recevoir les organisations de jeunes vendredi. "La jeunesse c'était ma priorité et elle ne changera pas", a rappelé François Hollande.
Selon les représentants étudiants et lycéens, qui font un parallèle avec le contrat première embauche (CPE) retiré après une forte mobilisation en 2006, le projet de réforme du droit du travail est une "offensive sans précédent contre les jeunes et les salariés", de nature à les rendre "précaires à vie".
La ministre du Travail Myriam El Khomri estime, elle, que sa réforme "est faite pour que les jeunes puissent rentrer plus facilement sur le marché du travail".
- Des annonces lundi -
Avant les jeunes, le Premier ministre a entendu les revendications syndicales et du patronales en début de semaine. Manuel Valls et les partenaires sociaux se retrouvent lundi pour un bilan de la concertation, sans doute assorti d'annonces. Pour l'instant, M. Valls est resté discret sur ses intentions.
"La loi peut être améliorée, il y a forcément des éclaircissements à donner, des corrections à établir", a estimé jeudi le président François Hollande.
Deux mesures sont unanimement rejetées par les syndicats: le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif, qui ne pourront plus dépasser 15 mois de salaire, et la réforme du licenciement économique, dont les critères seront plus précis et appréciés, pour les multinationales, sur leurs seules filiales françaises. Les syndicats s'opposent aussi à la possibilité, dans les petites entreprises, d'appliquer le forfait-jours sans accord collectif.
Bruno Le Roux, chef des députés socialistes, a assuré qu'il y aurait des "améliorations significatives", notamment sur "la définition du licenciement économique". Certains parlementaires de la majorité menacent de s'opposer au projet s'il reste en l'état.
- Surtaxation des CDD 'sur la table' -
Jean-Marie Le Guen a évoqué mercredi la possibilité d'inclure une surtaxation des CDD courts dans la loi, avant de se rétracter jeudi matin.
Le débat est "sur la table", mais dans le cadre de la renégociation en cours des règles d'assurance chômage par les partenaires sociaux, a assuré Mme El Khomri.
Réclamée de façon récurrente par les syndicats pour lutter contre la précarité, la surtaxation suscite de fortes craintes chez les patrons. Cela "accélérerait la destruction d?emplois" selon la CGPME, cela "asphyxierait totalement l'économie" selon Pierre Gattaz (Medef).
Les organisations syndicales et patronales ont déjà introduit, depuis juillet 2013, une surtaxation de certains contrats courts. Les cotisations patronales d'assurance chômage, normalement fixées à 4% du salaire brut, peuvent monter jusqu'à 7%, mais cette majoration ne concerne que certains CDD de moins de trois mois - d'usage ou pour surcroît d'activité - et exclut l'intérim.
Elle n'a pas permis d'enrayer l'inflation des CDD courts, qui représentaient encore 87% des embauches, hors intérim, fin 2015.
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