"La situation est très mauvaise, une des pires situations que nous ayons vues", se désole Imad Aoun, un responsable de l'ONG Save the Children.
Souvent trempés, les plus chanceux portant de longs imperméables plastiques distribués par les ONG, des groupes d'enfants pataugent dans les champs inondés. Certains parents essaient de les garder au chaud en brûlant du plastique, parfois des vêtements.
"Les enfants respirent des gaz toxiques, beaucoup ont des problèmes respiratoires simplement parce qu'ils sont ici depuis trop longtemps", dit Imad Aoun.
Environ 14.000 réfugiés, dont la moitié sont des femmes et des enfants, sont bloqués au poste grec d'Idomeni à la frontière avec la Macédoine depuis plusieurs jours.
La majorité ont trouvé abri dans les deux camps de toile sur place, d'autres campent à la belle étoile en espérant vainement l'ouverture de la frontière fermée depuis quatre jours.
"Des dizaines d'enfants sont gravement malades", souffrant de diarrhée, fièvre, toux, vomissements, érythème, "la situation est critique", a mis en garde Leigh Daynes, directeur de l'ONG Médecins du monde (MdM), soulignant que "la fermeture des frontières ne va pas empêcher les réfugiés de venir en Europe".
Une situation que la secrétaire d'Etat ajointe américaine, Victoria Nuland, est venue constatée jeudi matin à Idomeni, sans toutefois faire de commentaires.
Devant les deux unités de soins d'urgence installées par le ministère de la Santé, s'allongent des files d'attente de centaines de personnes, leurs enfants dans les bras toussant ou pleurant.
Selon un médecin de garde, "des dizaines d'enfants sont quotidiennement examinés. En cas d'urgence, ils sont hospitalisés à Kilkis (à 60km d'Idomeni) ou à Thessalonique (à 100km)".
Mais la section pédiatrique de l'hôpital de Kilkis a largement dépassé sa capacité de 18 personnes.
"Trente-quatre enfants sont actuellement hospitalisés avec des problèmes respiratoires, des infections virales importantes et des gastroentérites", dit Vassilis Triantafyllidis, président du syndicat du personnel hospitalier.
- "L'enfer" -
Les adultes sont touchés aussi. "De nombreuses femmes ont accouché, mais malheureusement d'autres ont fait des fausses couches en raison des mauvaises conditions dans les camps", ajoute M. Triantafyllidis.
MdM rapporte aussi le cas d'un homme ayant perdu deux orteils à cause d'une gangrène, et d'épisodes "de panique, évanouissements et hystérie" quand les réfugiés ont réalisé qu'ils ne passeraient sans doute pas.
Plus de 400 réfugiés ont d'ailleurs volontairement quitté Idomeni et son insalubrité depuis mercredi soir pour revenir, 600 kilomètres plus au sud, au Pirée, le grand port près d'Athènes où la majorité d'entre eux avaient débarqué plein d'espoir depuis les îles grecques il y a quelques semaines.
Dans les salles d'attente des terminaux de ferries ou sous les tentes montées sur les quais, des milliers de réfugiés sont entassés, attendant leur acheminement vers les camps mis en place à travers le pays (anciennes casernes, centres d'accueil municipaux ou camps de vacances d'enfants).
Au moins huit autocars s'apprêtaient jeudi à emmener des familles entières, surtout afghanes, dans des camps à Larissa et Trikala, dans le centre du pays.
"Je vais à Trikala, ils nous ont dit que les camps étaient propres et qu'il y avait des médecins. Et de vrais dortoirs", dit Jalla, étudiant afghan de 19 ans.
Des responsables de l'EASO, le bureau européen d'asile, font campagne dans les rangs pour le programme européen de relocalisation, visant à répartir les réfugiés dans l'UE. Mais la procédure prend au moins deux mois.
Mais cela ne décourage pas Giwan Al Haije et sa femme Urmen, un jeune couple kurde syrien d'Hassaké.
"Nous voulons participer à ce programme car ma femme est tombée malade à Idomeni. C'était l'enfer. Nous en avons assez des camps, nous avons déjà eu l'expérience à Erbil (capitale de la région du Kurdistan) et ensuite dans un autre camp en Turquie", affirme Giwan qui veut le plus tôt possible aller dans un autre pays européen "de manière légale".
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