L'Ukrainienne aux cheveux courts, qui risque 23 ans de prison et avait fait un bras d'honneur à ses juges au dernier jour de son procès, "a arrêté sa grève de la soif et recommencé à boire de l'eau, mais elle continue sa grève de la faim", a indiqué à l'AFP l'avocat Mark Feïguine.
Résolue à ne rien manger jusqu'à l'énoncé du verdict attendu les 21 et 22 mars, elle a décidé de s'hydrater à nouveau après avoir reçu dans la matinée en prison une lettre qu'elle croyait écrite par le président ukrainien Petro Porochenko.
Dans cette lettre, diffusée par son avocat, Petro Porochenko l'appelait à arrêter sa grève de la faim et de la soif commencée le 3 mars. Sauf que la lettre était un faux écrit par un usurpateur russe célèbre pour avoir piégé notamment le chanteur britannique Elton John ou le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
"J'ai reçu aujourd'hui des paroles de soutien du président ukrainien Petro Porochenko. Je sais que beaucoup de personnes font tout leur possible pour obtenir ma libération et je leur en suis très reconnaissante", a déclaré Nadia Savtchenko, dans un message transmis à Me Feïguine en réponse à cette fausse lettre. "Je ne reconnaîtrai jamais ni ma culpabilité, ni la justice russe", a-t-elle réitéré.
C'est l'avocat de la pilote ukrainienne, Mark Feïguine, qui a révélé que la lettre était un faux en accusant les services spéciaux russes d'avoir orchestré une "opération bien planifiée". Alors que l'histoire restait confuse, un homme se faisant appeler Vladimir Kouznetsov et célèbre pour ses canulars a indiqué à l'AFP être à l'origine du faux.
Cet homme - Vovan de son pseudonyme - avait notamment piégé le chanteur pop Elton John en se faisant passer pour Vladimir Poutine.
- 'Prête à un acquittement' -
"C'est très bien que Nadia ait pris cette décision, elle a compris qu'il y a des choses pour lesquelles il faut vivre", a déclaré aux journalistes sa soeur Vera Savtchenko après l'annonce de la fin de la grève de la soif. "Je suis déjà prête à un acquittement et à ce qu'on rentre à la maison", a-t-elle ajouté.
Arrêtée début juillet 2014 sur le territoire russe selon Moscou, Mme Savtchenko accuse de son côté les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine de l'avoir capturée sur le territoire ukrainien et livrée aux autorités russes.
Jugée depuis l'été dernier par un tribunal de Donetsk, petite ville russe à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne, Mme Savtchenko, contre qui le parquet russe a requis 23 ans de prison, est accusée d'avoir transmis à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes russes tués par un tir de mortier dans l'est de l'Ukraine.
L'affaire, au delà de la question de l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et du rôle prêté à Moscou dans le conflit ukrainien, a contribué au pourrissement des relations entre Kiev et Moscou.
Mercredi soir, le président ukrainien avait proposé un "échange" de prisonniers avec Moscou pour obtenir la libération de Nadia Savtchenko.
Interrogé jeudi par des journalistes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'était pas en mesure de commenter cette initiative de Petro Porochenko, mais il a assuré que Moscou avait bien remarqué cette déclaration.
Parallèlement, la police ukrainienne a annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle après que plusieurs personnes ont jeté dans la nuit des cocktails Molotov sur le territoire de l'ambassade russe. Dimanche, des centaines d'Ukrainiens avaient manifesté devant l'ambassade de Russie à Kiev pour réclamer la libération de Nadia Savtchenko, certains jetant des oeufs, brisant des vitres ou brûlant le drapeau russe.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a indiqué jeudi que les employés de l'ambassade limitaient désormais leurs déplacements en raison de ces attaques et a accusé les Occidentaux, notamment les Américains, de fermer les yeux sur ces violences.
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