Ce faisant, son président Mario Draghi, engagé dans une lutte sans merci contre l'inflation trop basse, est même allé plus loin que ce qu'on attendait de lui, réjouissant les marchés mais donnant aussi l'impression que la BCE a maintenant donné "le maximum".
Le conseil des gouverneurs de l'institution monétaire, composé de six directeurs et des 19 gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro, a décidé d'abaisser encore davantage l'ensemble de ses taux directeurs, déjà ramenés à des niveaux historiquement bas depuis plus d'un an.
Notamment le taux central, une référence pour le crédit en zone euro, a été abaissé de 0,05% à zéro, tandis que le taux de dépôt, qui s'applique aux banques parquant des liquidités en surplus pour 24 heures auprès de la BCE, a été ramené de -0,30% à -0,40%. Ce taux stationne en territoire négatif depuis juin 2014 et avait déjà été abaissé à deux reprises par le passé.
En parallèle, la banque centrale va muscler à partir d'avril son vaste programme de rachats de dettes, le "QE" pour "Quantitative Easing", en rachetant jusqu'à 80 milliards d'euros de titres chaque mois, contre 60 milliards jusqu'à présent, et ce jusqu'en mars 2017.
Au total, ce sont donc 240 milliards d'euros de plus qui seront déversés sur le circuit financier d'ici un an. La palette des titres éligibles aux rachats de dettes a été élargie pour inclure des obligations émises par des entreprises de la zone euro, à l'exclusion des banques.
Un nouveau programme de prêts géants pour les banques complètera le dispositif.
L'objectif est d'inciter les banques à faire circuler l'argent dans l'économie, pour faire repartir le crédit, les prix, et la croissance.
- Au-delà des espérances -
Toutes ces mesures vont au-delà des espérances des marchés, qui attendaient seulement une augmentation des rachats de dettes et une baisse d'un des taux directeurs, le taux de dépôt.
Après avoir déçu les marchés une première fois en décembre, et alors que sa crédibilité était en jeu, la BCE veut entend frapper fort. Jusqu'à maintenant, les effets des outils déjà déployés se font encore attendre. Un an après que la BCE a dégainé la première mouture de son "QE", l'inflation s'affiche à -0,2% sur un an en zone euro, très loin de l'objectif des banquiers centraux d'une hausse des prix proche de 2% sur un an mais inférieure à ce taux.
La faute à la chute sans fin des prix du pétrole et à une reprise toujours atone sur le Vieux Continent, assombrie par le ralentissement de l'activité en Chine et dans les pays émergents.
Les marchés applaudissaient en milieu d'après-midi. L'indice Dax de la Bourse de Francfort prenait plus de 2,20% peu après ces annonces, tandis que le CAC40 à Paris grimpait de 2,59%.
Pourtant les premières réserves se faisaient déjà entendre.
"C'était le maximum que la BCE puisse faire, mais cela ne suffira pas à lever les doutes sur l'impact de ces mesures", souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
De plus en plus d'observateurs mettent en doute la capacité de la BCE à ramener l'inflation vers sa cible - et celle des banques centrales de manière générale à agir sur l'économie mondiale.
Pour Jonathan Loynes, de Capital Economics, la banque centrale a dévoilé "un panaché de mesures plus audacieux que ce que la plupart des observateurs attendait". "La BCE a finalement tenu ses promesses", salue-t-il, "mais elle ne peut pas faire des miracles".
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