Force ouvrière a salué "une première mobilisation réussie", avec "400.000 étudiants, lycéens et salariés dans la rue". Ils étaient 500.000, selon l'Unef, premier syndicat étudiant, qui a appelé, après ce "succès", à une nouvelle journée d'action le 17 mars.
De son côté, le ministère de l'Intérieur a évalué à 224.000 le nombre des personnes mobilisées mercredi.
A Paris, les manifestations ont réuni 100.000 personnes, selon la CGT, entre 27.000 et 29.000, selon la préfecture de police.
A Lyon, sept policiers ont été légèrement blessés et trois personnes interpellées pour violences en fin de manifestation. A Nantes, cinq interpellations ont eu lieu après de légers heurts avec les forces de l'ordre.
Le premier défilé dans la capitale, à l'appel de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires, était organisé à la mi-journée entre le Medef et le ministère du Travail, un parcours au "message clair": dire au gouvernement de cesser de reprendre les propositions du patronat, selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
Son syndicat, comme FO, réclament le retrait du projet de loi El Khomri.
Parallèlement, plusieurs milliers de lycéens et étudiants ont répondu à l'appel de syndicats et organisations de jeunesse (Unef, UNL, EELV, Front de gauche, jeunes communistes) se disant prêts à "lutter jusqu'au retrait" du projet.
A leurs côtés, des salariés et quelques personnalités politiques, dont une quinzaine de parlementaires PS, ou Pierre Laurent (PCF) qui a évoqué "une lame de fond en train de se lever chez la jeunesse et les salariés".
Ce deuxième cortège a manifesté dans l'après-midi entre places de la République et de la Nation, en scandant "El Khomri, t'es foutue, la jeunesse est dans la rue", avec jets d'?ufs, de fumigènes et de pétards.
Parmi les slogans des jeunes: "Loi El-Khomri, vie pourrie" ou encore "Une gauche qui écrit de la main droite".
A 18H00, les manifestants se sont dispersés dans le calme, entourés d'un important dispositif policier.
- Nouvelle journée le 31 mars -
Le mouvement a gagné les lycées. Au total, une centaine d'établissements -90 selon le ministère de l?Éducation-, dont une quarantaine en Ile-de-France, ont fait l'objet d'un blocage, total ou filtrant, selon l'UNL, un des principaux syndicats de lycéens.
Environ 150 rassemblements étaient prévus en province. Dix mille personnes ont manifesté à Toulouse et à Nantes, 9.500 à Bordeaux, 7.000 à Lyon, 6.000 à Lille, 5.000 à Marseille, 4.500 à Rouen et Rennes, ou encore 3.000 au Havre et à Brest, selon des chiffres de la police.
"Il appartient maintenant au gouvernement de prendre conscience du rejet de son projet et d'en tirer les conséquences", commentait dans la soirée FO.
Sept syndicats ont d'ores et déjà prévu une journée de grèves et de manifestations le 31 mars.
Initialement le projet El Khomri devait être présenté en Conseil des ministres ce 9 mars. La contestation a contraint le Premier ministre à revoir son calendrier et à reprendre la concertation avec les partenaires sociaux et les députés socialistes, pour une présentation le 24 mars.
Plusieurs points cristallisent les mécontentements: la réforme du licenciement économique, le plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, la primauté des accords d'entreprise dans l'organisation du travail.
Le front syndical est néanmoins fissuré, les syndicats "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et la Fage (étudiants) ayant préféré des rassemblements distincts le 12 mars. Plutôt qu'un retrait du texte, ils demandent "de profondes modifications", comme l'a répété mercredi le patron de la CFDT, Laurent Berger, pour qui le projet ne contient pas de mesures anti-jeunes, contrairement au Contrat première embauche (CPE) il y a dix ans.
- La gauche "fracturée" -
M. Hollande a rappelé en Conseil des ministres que la France entendait "préserver son modèle social", mais en "l'adaptant". Il a jugé "nécessaire d'écouter (...) les revendications" et "d'être ouvert au dialogue".
M. Valls a déjà promis des "améliorations", mais ses marges de man?uvre semblent étroites entre des syndicats, dont "aucun (n'est) d'accord avec la loi", selon M. Martinez, et le patron du Medef, Pierre Gattaz, pour lequel un retrait du texte serait "dramatique pour le pays".
Le gouvernement affronte aussi une profonde division de la gauche, déjà alimentée par le débat sur la déchéance de nationalité.
Hasard du calendrier, le 9 mars était aussi jour de grève et de perturbations dans les transports, avec des revendications liées aux conditions de travail et aux salaires.
Le mouvement a été bien suivi à la SNCF, avec seulement un train sur trois. Le trafic était en revanche quasiment normal à la RATP, sauf sur le RER B. Retour à la normale prévu jeudi matin.
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