Depuis les assauts lancés ce jour-là contre une caserne militaire, un poste de police et un poste de la garde nationale à Ben Guerdane (sud-est), 46 "terroristes" au total ont été tués, de même que 13 membres des forces de l'ordre et sept civils, selon des sources officielles.
Ces attaques n'ont pas été revendiquées mais les autorités tunisiennes les ont imputées au groupe extrémiste Etat islamique (EI), accusé de chercher à créer un "émirat" à Ben Guerdane, à proximité immédiate de la Libye, pays plongé dans le chaos.
Depuis la révolution de 2011, la Tunisie est confrontée à l'essor d'une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de soldats ainsi que de touristes, mais les attaques de lundi sont sans précédent par leur ampleur.
Mercredi, trois jihadistes pourchassés par les autorités ont été tués dans cette ville de quelque 60.000 habitants sous couvre-feu nocturne. Deux avaient été repérés après s'être emparés de la nourriture d'ouvriers sur un chantier et un troisième s'était retranché dans une maison, ont indiqué les autorités en faisant état d'un soldat mort et d'un civil blessé.
La veille au soir, l'armée et les forces de sécurité avaient tué sept jihadistes recherchés qui avaient eux aussi trouvé refuge dans une maison.
- Arrêter les infiltrations -
Dans ce climat tendu, le ministère de la Défense a rappelé qu'entrer dans la zone tampon entre la Tunisie et la Libye était soumis à une autorisation spéciale.
Les forces de l'ordre utiliseront "la force avec toute personne ne se conformant pas aux" ordres de s'arrêter, a dit le ministère. "Il s'agit de prévenir les menaces terroristes pouvant viser notre pays par le biais de tentatives d'infiltration vers ou depuis" la Tunisie.
Tandis que les opérations sécuritaires se poursuivent, la cité de Ben Guerdane reste quadrillée par les forces de l'ordre. Les postes-frontières avec la Libye sont fermés depuis lundi.
"Nous avons remporté une bataille (et) nous sommes prêts pour les autres", a affirmé mardi le Premier ministre Habib Essid, ajoutant qu'"il y a beaucoup d'enseignements" à tirer des attaques. "Il se peut qu?il y ait (eu) une défaillance à un certain niveau, au niveau des renseignements, au niveau d'autres éléments".
Pour Michaël Ayari, analyste à l'International Crisis Group (ICG), les forces de l'ordre doivent réagir "de manière mesurée lors de l?interpellation des habitants de Ben Guerdane qui ont épaulé le commando" de jihadistes.
"Ceux-ci pourraient se chiffrer par centaines étant donné l?ampleur de l?attaque. Des arrestations non ciblées, accompagnées de brutalités policières, pourraient diviser les familles sur la question, alimenter les frustrations (...) et augmenter le nombre de relais des combattants de l?EI lors de prochaines opérations jihadistes", a-t-il averti.
- 'Pour les martyrs' -
Dans Ben Guerdane sous haute sécurité, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles de victimes des attaques de lundi. Les dépouilles ont été inhumées dans un carré "Martyrs du 7-Mars" du cimetière de la ville.
Dans l'ensemble du pays, une minute de silence a été observée à l'ouverture des écoles.
"C'est une chose importante de montrer aux élèves l?importance de la défense de la Nation. Que le sang des 'martyrs' n?a pas coulé pour rien. (...) Nous ne laisserons pas les terroristes influencer les esprits des enfants", a déclaré à l'AFP une institutrice, Sonia El Kéfi.
"C?est pour les martyrs" et pour que les forces de l'ordre "sachent que, s?ils (leurs membres) meurent, il y aura des gens debout derrière eux", a ajouté Aziz, un élève.
Les attaques de lundi sont intervenues moins d'une semaine après de premiers heurts dans cette même région frontalière, lors desquels cinq jihadistes avaient été tués.
La Tunisie, qui compte des milliers de ressortissants dans les rangs d'organisations jihadistes à l'étranger, exprime régulièrement son inquiétude à propos de la Libye, où le chaos a permis l'essor de l'EI.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.