Sont visées par cette décision de justice les unités 3 et 4 de la centrale de Takahama (ouest), qui ont pourtant obtenu les feux verts techniques et politiques pour redémarrer.
"A la lumière de l'accident de Fukushima (...) il reste des interrogations sur les mesures de protection vis-à-vis d'un tsunami et concernant les plans d'évacuation", a souligné le juge, selon des propos rapportés par la chaîne publique NHK.
"On ne peut pas dire que la compagnie ait fourni suffisamment d'explications sur le plan de la sûreté", a estimé le juge.
Les plaignants, un groupe de 29 personnes de la préfecture de Shiga, contiguë à celle de Fukui où se trouvent les réacteurs de Takahama, ont crié leur joie devant les caméras à la sortie du tribunal, brandissant des banderoles où l'on pouvait lire "nous sommes très heureux et saluons le courage du jury".
Ce rebondissement dans la saga judiciaire de Takahama constitue un revers pour le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe. Celui-ci assure que les installations nucléaires japonaises peuvent redémarrer sans craintes à partir du moment où l'Autorité nucléaire a délivré son certificat de conformité à de nouvelles normes durcies.
"Le jugement (de l'Autorité nucléaire) selon lequel ces réacteurs répondent à des standards qui sont les plus stricts du monde ne change pas", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors de son point de presse régulier.
La compagnie exploitante, Kansai Electric Power, va devoir se conformer à cette injonction qu'elle a qualifiée de "regrettable et inacceptable" et qui vient perturber son calendrier de relance progressive, du moins en attendant un éventuel retournement de jugement en appel.
"Nous allons faire notre possible pour prouver la sûreté des réacteurs Takahama 3 et 4", a insisté un porte-parole, réagissant par téléphone pour l'AFP.
- Un an de bataille judiciaire -
C'est la première fois qu'un ordre d'arrêt vise une installation nucléaire relancée.
Au grand dam des organisations écologistes, Takahama 3 avait été remis en service en janvier et l'électricité qu'il produit est utilisée depuis fin février sur le réseau commercial.
Takahama 4 a été réactivé fin février, mais a été victime d'un problème technique qui a entraîné un arrêt inopiné trois jours plus tard. De facto, il n'est pas opérationnel mais la compagnie était en train de poursuivre les opérations pour le ranimer au plus vite.
"Le redémarrage de Takahama témoigne de l'échec total de l'autorité de réglementation nucléaire du Japon à faire de la sécurité du public une priorité", avait réagi le groupe antinucléaire Greenpeace lors de la remise en service de ces unités.
L'organisation s'est aussi inquiétée du fait qu'une partie du combustible des réacteurs 3 et 4 de Takahama soit un mélange d'oxydes (Mox) fabriqué par le groupe français Areva et en partie issu du recyclage.
Le redémarrage de Takahama 3 et 4 avait déjà été retardé de plusieurs mois à cause d'une précédente bataille juridique devant un tribunal de Fukui, procédures dont la compagnie Kansai Electric était sortie gagnante en décembre en appel.
L'Autorité de régulation avait confirmé en février 2015 que ces deux tranches répondaient aux critères plus sévères imposés aux centrales nucléaires pour faire face aux risques de catastrophes naturelles et d'accidents critiques.
Ce couple de deux unités de Takahama avait été le deuxième parmi les rares à avoir obtenu le certificat de sûreté après les deux unités Sendai 1 et 2 (sud-ouest), qui sont actuellement les seules autres à avoir été remises en exploitation au Japon. Il ne reste dans le pays que 43 unités potentiellement exploitables, contre 54 avant Fukushima.
Fervent partisan de l'atome pour des raisons économiques (l'industrie a besoin d'énergie et l'importer coûte cher), le gouvernement Abe plaide depuis trois ans pour que tous les réacteurs jugés sûrs par l'Autorité de régulation nucléaire soient relancés, en dépit d'une opinion publique majoritairement contre.
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