Téhéran (AFP). Série d'essais de missiles balistiques de l'Iran, Washington préoccupé

Ces tirs, effectués dans le cadre de man?uvres militaires en cours depuis plusieurs jours, sont destinés à montrer que l'Iran est prêt à "affronter toute menace contre la révolution, le régime et l'intégrité territoriale du pays", selon l'agence de presse officielle Irna et le site des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne qui les a menés. Plusieurs tirs de missiles guidés de courte, moyenne et longue portée (de 300 à 2.000 km) ont été tirés en différents endroits de territoire iranien, la plupart à partir de bases souterraines, les derniers datant de mardi et mercredi. Après deux nouveaux tirs de missiles longue portée mercredi, le général Amir Ali Hajizadeh, commandant de la division aérospatiale des Gardiens de la révolution, a affirmé que "la raison pour laquelle nous avons conçu ces missiles (...) est de pouvoir frapper nos ennemis lointains", en particulier "le régime sioniste" d'Israël. Selon les agences de presse Fars et Tasnim, proches des Gardiens, des missiles portaient l'inscription suivante: "Israël doit être effacé de la surface ce la terre". Le général Hossein Salami, numéro deux des Gardiens, a précisé que, mercredi, "des missiles de précision Qadr H et Qadr F de longue portée ont été tirés (...) détruisant des cibles sur des sites identifiés" sur les côtes sud-est de l'Iran à partir de la chaîne de montagnes d'Alborz (nord). Ces tirs interviennent alors que le vice-président américain Joe Biden se trouve en Israël où il devait notamment parler de l'Iran avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ce dernier, dont l'Iran est l'ennemi juré, a fermement condamné l'accord nucléaire du 14 juillet 2015 entre les grandes puissances - dont les Etats-Unis - et l'Iran sur son programme nucléaire. Les Etats-Unis avaient annoncé le 17 janvier de nouvelles sanctions liées au programme de missiles balistiques de l'Iran. Il s'agit de sanctions unilatérales séparées de celles, internationales, liées au programme nucléaire iranien et dont une grande partie a été levée avec l'entrée en vigueur de l'accord mi-janvier. "Plus nos ennemis augmentent les sanctions plus intense sera la réaction des Gardiens", a prévenu le général Amir Ali Hajizadeh. - 'Manque d'espace pour stocker nos missiles' - La télévision iranienne a montré à plusieurs reprises les images de bases souterraines abritant des missiles. Début janvier, elle a notamment diffusé celles de missiles d'une portée de 1.700 kilomètres. "Nous manquons d'espace pour stocker nos missiles", avait alors affirmé le général Salami. En octobre, l'Iran a effectué au moins un essai réussi de ce type de missile et, selon des experts de l'ONU, cela violait une résolution de 2010 interdisant l'utilisation par Téhéran de missiles balistiques de peur qu'ils ne soient dotés d'une tête nucléaire. L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire et affirme que ses missiles ne sont pas conçus pour supporter une telle bombe. Mais les États-Unis et des États de la région, dont les monarchies voisines du Golfe et Israël, "sont préoccupés" par les capacités de l'Iran en matière de missiles balistiques, a déclaré le général Lloyd Austin, le chef du Centcom (commandement des forces américaines au Moyen-Orient) devant la commission des forces armées du Sénat. "L'Iran reste aujourd'hui un facteur de déstabilisation significatif" au Moyen-Orient, a-t-il estimé. Le département d?État américain a de son côté affirmé que Washington saisirait l'ONU si les essais de missiles étaient avérés. Mais son porte-parole, John Kirby, a souligné que ces tests "n'étaient pas une violation" de l'accord sur le nucléaire. Selon le général Austin, les pays de la région sont également "préoccupés par les capacités (des Iraniens) dans le cyber, leur aptitude à miner les détroits, et les activités nuisibles de la force Qods (chargée des opérations extérieures, ndlr) des Gardiens de la révolution". "Il y a un certain nombre de choses qui me font penser personnellement que l'Iran n'a pas encore changé de direction" pour adopter un comportement "plus responsable", a-t-il affirmé.